Fernando de Amorim
Paris, le 31 août 2025
Jusqu’à présent, et j’attends toujours que la preuve du contraire me soit apportée, il n’y a pas de transmission de la psychanalyse. Il y a des tentatives, plus ou moins malheureuses. Le désir chez le clinicien est pourtant une évidence. Ça coince donc, mais où ? Là où il y a présence pressante, imposante, du Moi du clinicien. C’est le Moi qui prend le dessus dès que l’être cède de la position de psychanalysant. La solution envisageable est que le psychanalysant dont le désir le pousse à devenir psychanalyste sorte de psychanalyse, témoigne de sa sortie et continue sa psychanalyse personnelle.
Cette position de castration, féminine, indépendamment du genre, permettra à la psychanalyse de devenir science. Tel est mon pari.
La proposition de poésie est une voie de sublimation pour le psychanalysant, une voie psychothérapeutique pour l’analysant, une voie de garage pour le psychanalysant qui désire devenir psychanalyste et qui ne devient qu’analyste. La psychanalyse proposée par Lacan sert plus à l’analyste qu’à l’analysant. Ceci me fait penser à la rencontre du pubère Alexandre de Macédoine avec Bucéphale. L’animal devait être sacrifié parce que les cavaliers de Philippe n’arrivaient pas à le monter. Alexandre avait alors pensé à voix haute : « Dommage qu’un si bel animal soit sacrifié par l’incompétence du cavalier. » La suite de l’histoire est connue. La psychanalyse est un exemple terrien de Bucéphale.
Un poème est la matérialisation de la sublimation de la souffrance, du manque du Moi du poète. Ceux qui aiment la poésie s’identifient au Moi du troubadour.
Sans savoir où se situe sa position ni quelle est la direction de la cure, l’analyste parle de psychanalyse, d’analyse, de subjectivité, entre guillemets. Paumé, il définit médiocrement la subjectivité comme un nouage entre le sujet, l’histoire et le social, comme je pourrais définir entre guillemets le nuage, la pomme, le poisson et le dentier de ma grand-mère. Comment trouver une tension féconde entre le sujet de l’inconscient et le social si autour tout est creux ? Le symptôme devient un mot vide quand il est le porte-drapeau de la souffrance ainsi que de la jouissance, quand il est demande et appel. La critique adressée à la psychanalyse rate le coche. La critique doit être faite à l’analyste qui est tenu – c’est son devoir, son obligation même – de porter la psychanalyse et conduire des cures (psychothérapies et psychanalyses) à bon port et non, comme c’est le cas jusqu’à présent, tourner en rond en jouant de la flûte pendant que l’appareil psychique de celui qui le paye est à l’agonie.
Les discours mous au nom de la psychanalyse remplissent les bibliothèques. La radicalisation, comme le complotisme, n’est pas une pratique socialisée, c’est une pratique d’identification de la populace moïque au Moi fort, au Moi populiste, du politicien de carrière ou du religieux.
Le symptôme n’est pas social, il est individuel. Il ne fait que lien imaginaire, qui donne toute puissance, puissance robuste, au Moi fort. Il me semble impossible que le discours complotiste puisse éclipser le sujet, car la position de sujet n’est pas encore construite. Ainsi, l’analyste invente un discours appuyé sur l’Imaginaire pour justifier son absence de souffle épistémologique et, surtout, clinique. Tout en faisant appel aux dires de Freud et de Lacan.
Repenser la position du clinicien (I)
Repenser la position du clinicien (II)
Repenser la position du clinicien (III)
Repenser la position du clinicien (IV)
Repenser la position du clinicien (V)
Repenser la position du clinicien (VI)
Repenser la position du clinicien (VII)
Repenser la position du clinicien (VIII)
Repenser la position du clinicien (IX)
Repenser la position du clinicien (X)
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Repenser la position du clinicien (XII)
Repenser la position du clinicien (XIII)
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Repenser la position du clinicien (XVIII)
Repenser la position du clinicien (XIX)
Repenser la position du clinicien (XX)
Repenser la position du clinicien (XXI)
Repenser la position du clinicien (XXII)
Repenser la position du clinicien (XXIII)