Fernando de Amorim
Biarritz, le 28 août 2025
La rencontre avec l’inconscient n’a rien de didactique, sauf pour le Moi de l’analyste. Une fois que le psychanalysant apprend à surfer sa vague, cette rencontre avec l’inconscient n’est nullement indirectement thérapeutique : elle est complétement thérapeutique. Surfer avec le Réel soigne, parce que le Moi abandonne la partie et l’être se met au travail de rame.
La rencontre avec l’inconscient est toujours une mauvaise rencontre selon la perspective de la partie consciente du Moi, car le désir de l’Autre décoiffe. Le Moi est au courant, il connaît les dires de Lacan selon lesquels l’enseignement universitaire est conçu pour ne pas porter à conséquence. Pourtant, nombreux sont les analystes qui se nourrissent de ce pain-là. Faut-il pour autant abandonner l’enseignement de la psychanalyse à l’université ? Surtout pas. Il me semble important de déterminer, dès la première année de médecine ou de psychologie, quels étudiants souhaitent devenir psychanalystes et les former spécifiquement, à savoir en les aidant à commencer leur psychanalyse personnelle, à commencer à recevoir des patients et à commencer à étudier Freud, Lacan et les autres. Autrement dit, qu’ils suivent le cursus universitaire tout en étudiant dans une école de psychanalyse. C’est ce que j’ai mis en place et qui fonctionne très bien. Pour quelle raison ne pas examiner une expérience qui fonctionne depuis des décennies ? Pourquoi la dénigrer en essayant de salir mon nom et mon honneur avec des adjectifs péjoratifs ? Parce que détruire est le propre du Moi humain. Puisque Freud était surnommé « porc juif » et Lacan « psychotique », pour quelle raison devrais-je prendre la mouche quand le Moi abruti me qualifie de gourou ? D’autant plus que j’avais proposé à l’acéphale en question de venir me le dire en face, ou d’aller porter plainte s’il pensait vraiment que je suis un escroc. Je l’attends depuis quelques décennies.
Le Moi résiste, le Moi cerbère des organisations intramoïques vise à détruire, ce qui va dans le sens opposé au projet psychanalytique pour l’être humain. Cependant, il ne faut pas s’étonner que l’être décide de se mettre du côté du Moi pour salir le psychanalyste. L’être n’a aucun intérêt à devenir indépendant, car cela implique d’assumer sa position de psychanalysant et ainsi de respecter la règle d’or de la psychanalyse qui est de parler librement ses pensées, son corps, ses rêves, puis d’assumer sa position de sujet en construisant sa responsabilité de conduire aussi sa destinée.
La transmission de la psychanalyse est simple, à condition qu’un psychanalyste s’engage dans cette tâche. Pour assumer une telle responsabilité, il doit être dans la position de psychanalysant. La transmission de la psychanalyse n’est pas impossible, mais elle est sabotée par l’analyste. Le psychanalysant n’a aucune idée de l’objet rien, parce qu’il n’est pas encore sujet. L’analyste a saboté sa rencontre, et surtout la construction de sa subjectivité, en abandonnant sa psychanalyse personnelle et la construction de son existence.
La quête du Réel ne se trouve pas avec les nœuds, car cette tentative entre dans le cadre d’une stratégie de terrien. En revanche, si le clinicien transpose la clinique psychanalytique au monde aquatique, il trouvera la bande de Moebius dans l’exercice de navigation et de sauvetage de l’être à la mer, que les marins appellent manœuvre d’homme à la mer ou encore manœuvre de récupération d’homme à la mer. Dans cette logique aquatique, l’objet comme cause de désir se trouve dans la rencontre impromptue du but avec l’objet pulsionnel. C’est de cette introduction du carré (but), dans le cercle (objet), qu’il est possible de trouver les quatre poches vides qui déclencheront le désir nécessaire à la navigation maritime de l’être pour qu’il construise ainsi sa position de sujet. L’objet du désir concerne déjà le Moi. Ce dernier a une idée, un trait qui le pousse à aller vers l’objet. Ce n’est pas l’objet du désir qui intéresse le psychanalyste puisque cet objet ne construit pas la position de sujet. En revanche, l’objet cause de désir, objet pulsionnel, devrait pousser le clinicien à être, à son égard, aux petits soins. Or, ce n’est pas le cas.
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