Fernando de Amorim
Biarritz, le 25 août 2025
À propos de la fonction phallique et du destin sexuel de la petite fille, Freud, dans un premier temps, a mal dit, puis il a été mal interprété. La psychanalyse est la construction, la mise à l’eau et la navigation du bateau par les psychanalysants. Seul le psychanalysant devenu sujet pourra témoigner que le supposé-psychanalyste a été véritablement digne du bateau psychanalyse. Les cafouillages freudiens sont le fruit d’un esprit pris par la recherche. Freud était un chercheur-trouveur. Il y a ceux qui passent leur vie à chercher sans trouver – ce sont les chercheurs de métier – et il y a ceux qui critiquent sans savoir de quoi ils causent, par manque d’érudition et de compétence clinique, épistémologique, théorique. Il est amusant de lire les détracteurs de la psychanalyse qui manquent considérablement d’instruction clinique n’apporter aucune proposition ni solution aux problèmes soulevés et portés à bout de bras par Freud. C’est de là que vient mon admiration pour ce dernier. Pour son courage intellectuel. Pour son courage tout court.
Je ne m’arrête pas aux discussions sur l’égalité de sexes, qui est reconnue par les États civilisés occidentaux, mais pas encore par le Moi car le Moi est aliéné, qu’il soit occidental ou oriental. Il est nécessaire de construire une égalité de genre, égalité pour les genres, indépendamment du genre, pas une égalité de sexe. Il n’y aura pas d’égalité de sexe, parce que le sexe de chaque être humain est différent du sexe de son voisin. Je signale ici la tendance à la vétérinisation du Moi humain à toujours le comparer par son sexe, sa couleur de peau, ses origines. Chaque être naissant est radicalement différent. Cette logique, psychanalytique, éloigne toute tentation de lecture zoologique ou botanique en ce qui concerne l’humain, car le sexe concerne les organes génitaux, alors que le genre concerne le type ; de là, les classifications imaginaires qui nourrissent l’imaginaire des médecins, des politiciens, des universitaires, des analystes. Évoquer la soustraction qui matérialise une béance montre que le Moi n’a pas saisi la psychanalyse et son fondamental, à savoir le rien qui, après la sortie de psychanalyse, indique que le psychanalysant est devenu sujet, qu’il est apte à construire. Construire quoi ? Une soustraction comble la béance. La psychanalyse indique que, dans la position de sujet, ce dernier n’a plus aucun objet, qu’il soit réel, imaginaire ou symbolique, auquel s’accrocher. Il s’accroche à l’objet rien (Γ). Le sujet avance et, à la différence du zombi, il a un Nord et il est apte à construire sa responsabilité de conduire aussi sa destinée. Le psychanalyste a, lui aussi, son Nord, à savoir la responsabilité de construire son existence. Je ne trouve pas cet effort chez les analystes, analystes comme eux-mêmes se présentent, tout en se disant « psychologues d’orientation psychanalytique », voire « psychiatres-psychanalystes ». Comme le disait Céline, en 1959, à propos des écrivains sans style : des « cafouilleux ».
La jouissance n’a pas de signifiant car elle est une fonction. Pour manier la jouissance, l’analyste est loin du compte, toujours cafouilleux qu’est son Moi : il ne jouit pas où il faut, il jouit ailleurs, il jouit avec des objets qui gonflent son Moi. Quel bonheur pour le Moi de se faire sucer par une bouche juvénile, de se marier et même de faire des enfants à ce Moi qui portera son nom et, à son tour, réussira à ne pas se castrer de son Œdipe.
Pour que l’objet soit déduit de la cure, il faut un psychanalyste, pas un analyste. Un bras cassé n’a pas le moyen de ramener le bateau de la cure à bon port. La part de l’analyste dans cette opération de tricherie, c’est la sienne même, celle qu’il met en scène, au nom de la psychanalyse présentée en tant que freudienne, lacanienne, quand elle n’est pas kleinienne, winnicottienne ou bionienne. Ces tranches – ces chapelles, comme disent les critiques – visent à éviter à l’analyste la position de psychanalysant. Il n’y a qu’une psychanalyse et elle est freudienne. Ses élèves viennent rectifier la route maritime indiquée par Sigmund Freud. Lacan, le plus excellent de ses élèves, aux portes de la mort, avait annoncé à ses admirateurs : « Je suis freudien. » À bon entendeur…
Comme le disait Céline, toujours Céline, en s’appuyant sur Descartes, il faut de la méthode. Pour mettre de l’ordre dans le cafouillage de la carte maritime des marins de piscine que son les psys en général, j’avais proposé, inspiré par mes camarades médecins et chirurgiens de mon époque Avicenne (AP-HP), une carte que j’avais nommée « Cartographie du RPH » et qui s’intitule dans son intégralité : « Cartographie de la clinique avec le malade, le patient et le psychanalysant, à l’usage des médecins, psychistes et psychanalystes, en institution et en ville ». Cette cartographie, telle une carte maritime se divise en trois parties : la première vise la position de l’être (malade, patient et psychanalysant) ; puis, la position du clinicien (médecins, psychistes et psychanalystes) ; enfin, le locus où se déroule le transfert (en institution et en ville). C’est la méthode que je vous invite à suivre.
Repenser la position du clinicien (I)
Repenser la position du clinicien (II)
Repenser la position du clinicien (III)
Repenser la position du clinicien (IV)
Repenser la position du clinicien (V)
Repenser la position du clinicien (VI)
Repenser la position du clinicien (VII)
Repenser la position du clinicien (VIII)
Repenser la position du clinicien (IX)
Repenser la position du clinicien (X)
Repenser la position du clinicien (XI)
Repenser la position du clinicien (XII)
Repenser la position du clinicien (XIII)
Repenser la position du clinicien (XIV)
Repenser la position du clinicien (XV)
Repenser la position du clinicien (XVI)
Repenser la position du clinicien (XVII)
Repenser la position du clinicien (XVIII)
Repenser la position du clinicien (XIX)
Repenser la position du clinicien (XX)
Repenser la position du clinicien (XXI)
Repenser la position du clinicien (XXII)
Repenser la position du clinicien (XXIII)