Fernando de Amorim
Paris, le 3 septembre 2025
Dans la brève précédente, j’avais proposé que le registre corporel concerne le plan du corps, de l’Imaginaire et du Symbolique, ce qui, en médecine, est appelé symptôme fonctionnel et que j’avais nommé signifiant corporel. J’avais également écrit que le registre organique concerne les maladies propres au champ opératoire du médecin et du chirurgien.
Pour saisir ma métaphore, je propose de comparer la libido à l’eau, le signifiant au poisson. La rivière représente la psychothérapie et l’océan accessible à la navigation est représenté par l’inconscient avec un « i » minuscule. Cet inconscient est celui que Lacan avait désigné comme étant structuré comme un langage. L’océan inaccessible à l’humain, je l’avais nommé Inconscient avec un « I » majuscule.
Dans ce registre, celui qui concerne la maladie organique, le signifiant n’accède pas à la libido. C’est pour cette raison qu’il est impossible de travailler en tant que psychologue ou psychiatre en service hospitalier de médecine et de chirurgie, sauf à vouloir caresser le Moi dans le sens du poil ou droguer le malade pour qu’il soit moins agité. Interventions de peu d’ambition. Il est important, par conséquent, de construire un dispositif pour que la présence du clinicien dans la position de psychothérapeute soit possible. Le diplôme universitaire n’est pas suffisant pour savoir faire naître, installer et nourrir le transfert. La première démarche est médico-chirurgicale : il est nécessaire de stopper l’évolution de la maladie. Puis le psychiste pourra faire en sorte que, grâce au transfert et à la technique de l’écarteur, le malade accepte de s’engager à construire son apaisement psychique. C’est la fonction de la psychothérapie. Ensuite, en sortant d’hospitalisation et s’il est d’accord, que le patient continue ce qu’il a commencé à l’hôpital sur le fauteuil du psychothérapeute en ville, et même sur son divan.
Le trajet et le bateau qui servent à descendre la rivière sont nommés psychothérapie. Le trajet et le bateau qui assurent la circumnavigation sont nommés psychanalyse.
La fonction du psychanalyste est de se taire, de mettre en place la méthode, de faire respecter, quand nécessaire, les techniques, de veiller à ce que le bateau de la cure, psychothérapie ou psychanalyse, puisse suivre les indications du Nord que sont l’étoile polaire, la couleur et la température de l’eau, le lever et le coucher du soleil, le vol des oiseaux. Ces indicateurs en clinique psychanalytique sont donnés par les formations de l’inconscient, par les signifiants barrés, preuve qu’ils viennent de l’Autre barré.
Si le psy (psychologue, psychiatre, psychothérapeute) ne sait pas où se trouve le Nord clinique, si l’analyste se contente de peu, ce n’est pas le cas du psychanalyste. Ce dernier se contente du juste, du précis. Cette précision vient de l’Autre barré, pas de la relation imaginaire, des affects ou des affections du Moi.
Si le clinicien ne saisit pas le poids de l’orgueil qui se loge dans le fait de se punir soi-même, il n’aborde pas les organisations intramoïques du Moi, indépendamment du fait qu’il s’agisse du Moi d’un homme, d’une femme, d’un homosexuel ou d’un vieillard. Le clinicien l’écoute et il a la responsabilité de le dégonfler pour que l’être barré puisse dévoiler ses épices sous forme de signifiants bien dits.
Les épices en question sont ce qui a poussé les premiers navigateurs à mettre leur vie sur la table pour construire leur désir.
Repenser la position du clinicien (I)
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