Fernando de Amorim
Biarritz, le 26 août 2025
La psychanalyse ne peut qu’être rejetée d’un établissement de santé puisqu’il est impossible de faire une psychanalyse en institution. En revanche, le psychanalyste peut, dans la position de psychothérapeute, écouter le malade ou le patient d’une manière telle qu’après son séjour hospitalier, il pourra continuer sa psychothérapie et même commencer sa psychanalyse en ville.
Le Moi de l’analyste, arrogant, ne prend pas au sérieux ma cartographie et ne la met pas en pratique en institution, qu’elle soit chirurgicale, médicale ou psychiatrique. Une telle aliénation du Moi coûte beaucoup d’argent au contribuable. Si la visée générale est de détruire le système de santé français, il ne faut effectivement pas compter avec mes indications (SÉTU ?, CPP).
Il y a des analystes en institution, donc des projets analytiques. Comme il n’y a pas de psychanalyste, il n’y a pas de résultat psychanalytique. Pourtant, bien conduite, une psychanalyse produit des effets favorables pour l’être et pour son entourage. Je suis, en tant que psychanalysant, le témoin de cette affirmation.
La psychanalyse commence par l’audace de l’être de s’intéresser à ce qui le fait souffrir, pas de dire ce qui vient à l’esprit du malheureux. La raison est simple : ce n’est pas parce que je demande à quelqu’un de dire ce qui lui vient à l’esprit qu’il s’exécutera. Les interdits ne sont pas du registre de la pensée : il s’agit des interdits du Moi ou de l’Autre non barré, car la pensée ne connaît pas l’interdit.
Traiter la psychanalyse en tant que méthode ou discipline indique l’absence d’ambition épistémologique. Sans la psychanalyse, beaucoup d’analystes ne seraient que de simples enseignants, psychiatres ou psychologues. Quand j’aime, je souhaite et je travaille pour le meilleur, pas pour le médiocre, le tiède, voire le pire. J’aime la psychanalyse, donc je travaille en examinant si elle mérite le statut de science, ou non. Depuis quarante-cinq ans, je la malmène pour qu’elle me montre qu’elle n’est pas science. Ma démarche est radicalement différente de celle de Popper. Je suis embarqué sur le vaisseau pour savoir de quel bois il est fait. Jusqu’à présent, ma conclusion est que la psychanalyse mérite d’être traitée comme une science à part entière, comme la biologie. Malheureusement, la plupart de ceux qui la servent ne méritent pas d’occuper la position de psychanalyste. Pour être dignes de cet honorable statut, ils doivent retourner sur le divan et ne plus le quitter pendant la durée de leur exercice clinique.
Comme l’inconscient n’oblige personne à quoi que ce soit, l’inconscient veut s’exprimer par la parole, par le geste, quand l’Inconscient veut s’exprimer par la maladie. Ce qui oblige le Moi, ce sont ces organisations intramoïques, car même autrui n’arrive pas à obliger le Moi si ce dernier n’en retire pas son lopin de jouissance. Ainsi, comme l’inconscient n’oblige pas, il me faut faire la distinction entre interdiction de penser et interdiction de dire. Comme je l’avais signalé plus haut, il n’existe pas d’interdiction de penser ; en revanche, je reconnais l’interdiction de dire, de dire qu’il est indigne qu’un comité scientifique soit porté par des membres qui mangent à tous les râteliers tout en se disant psychanalystes. Seule la lâcheté du Moi cautionne de tels agissements et s’interdit de dire qu’il s’agit d’une conduite indigne de quelqu’un qui souhaite être reconnu en tant que psychanalyste. S’agit-il d’un jugement moral ? Le jugement moral concerne l’attention que le Moi porte à son Surmoi. Est-ce un comportement éthique ? L’éthique concerne le rapport que l’être porte à l’Autre barré. Je ne trouve ni un comportement moral ni une conduite éthique dans l’acte de l’analyste. Ce dernier a nécessité de se refaire une santé. Cette santé passe par le divan.
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