Fernando de Amorim
Biarritz, le 15 août 2025
Quand Heisenberg étudie la position et la quantité de mouvement d’une même particule, je reconnais qu’il y a quatre positions de l’être dans la clinique : l’être dans la position de malade, de patient, de psychanalysant et de sujet. Le clinicien, quant à lui, occupe deux positions : celle de psychothérapeute et celle de supposé-psychanalyste.
Le lecteur remarquera que j’ai mis de l’incertitude où je pouvais. L’intention est de ne pas laisser au Moi la possibilité de se gonfler.
Quand le Moi se gonfle, il se prend pour le roi de la banane frécinette : il prend des poses, il pérore ou étale ses connaissances ou diplômes, il drague des jeunettes, il a des délicatesses envers les journalistes, le tout en se proclamant psychanalyste.
La position et la vitesse d’un psychanalysant, le rythme et la vitesse d’une cure, psychothérapie ou psychanalyse, ne peuvent être déterminés ni par le Moi du clinicien ni par le Moi du souffrant.
Personne ne peut préciser ni la position subjective de l’être, qu’il s’agisse de la position de malade, de patient ou de psychanalysant, ni la vitesse qu’il prendra pour sortir de psychanalyse : à quel moment il entrera et sortira de la Mer d’Œdipe, le temps qu’il prendra pour accoster, le moment de sa sortie de psychanalyse et s’il deviendra ou non sujet.
Si la mécanique quantique peut mesurer la quantité de mouvement ou la position d’une particule, la psychanalyse ne peut pas le faire. La raison en est simple : la particule ne désire pas, elle n’est pas fille d’un père et d’une mère. De là l’importance de rappeler au Moi des détracteurs de la psychanalyse, voire au Moi de ses ennemis, de comparer le comparable. La physique opère avec un Réel qui lui échappe constamment. Le psychanalyste danse avec ce même Réel en faisant usage du Symbolique pour contrer les assauts incessants du fruit du Moi, à savoir l’Imaginaire. Si le concept de grandeur n’a pas de sens en physique, celui d’Inconscient n’en a pas davantage en psychanalyse. Personne n’a accès à l’Inconscient, mais uniquement aux représentants de la représentation de la partie inconsciente du Moi et de ses signifiants castrés venus de l’Autre barré et portés par l’être barré quand ils échappent de l’enclos de ses dents.
La question au grand Autre barré est devenue fondamentale pour déterminer le positionnement de l’appareil psychique dans la cure. De même pour repenser la position du psychanalyste.
L’analyste installé, sûr de sa place, empêche le psychanalyste de montrer sa πρᾶξις. Or cette praxis est la carte, la théorie qui guide la navigation, l’autre nom de la clinique. Ce ralentissement du Moi de l’analyste empêche jusqu’à présent la psychanalyse d’être considérée en tant que science à part entière. Mais la psychanalyse est une référence indispensable pour les sciences se rapportant au Moi humain. Il est urgent de ne pas se contenter de repenser la psychanalyse. Le moment exige que soit repensée la position de l’analyste. Est-il tolérable pour la psychanalyse que l’analyste abandonne sa psychanalyse personnelle et sollicite le psychanalysant de continuer la sienne ? Cette question a déjà été posée par Freud, question à laquelle les analystes ont fait la sourde oreille, comme à leur habitude.
Repenser la position du clinicien (I)
Repenser la position du clinicien (II)
Repenser la position du clinicien (III)
Repenser la position du clinicien (IV)
Repenser la position du clinicien (V)
Repenser la position du clinicien (VI)
Repenser la position du clinicien (VII)
Repenser la position du clinicien (VIII)
Repenser la position du clinicien (IX)
Repenser la position du clinicien (X)
Repenser la position du clinicien (XI)
Repenser la position du clinicien (XII)
Repenser la position du clinicien (XIII)
Repenser la position du clinicien (XIV)
Repenser la position du clinicien (XV)
Repenser la position du clinicien (XVI)
Repenser la position du clinicien (XVII)
Repenser la position du clinicien (XVIII)
Repenser la position du clinicien (XIX)
Repenser la position du clinicien (XX)
Repenser la position du clinicien (XXI)
Repenser la position du clinicien (XXII)
Repenser la position du clinicien (XXIII)