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Diagnostic

Diagnostic

Fernando de Amorim

Paris, le 15 février 2021

L’adolescence est le prolongement imaginaire de la puberté. Quand le Moi dit qu’il est trop égoïste pour s’occuper d’un autre que lui, il apporte la preuve au clinicien qu’il ne faut pas argumenter, au nom d’une logique sociale, que la destinée d’une femme est de devenir mère. De même pour ceux qui veulent mourir. Dans ce dernier cas de figure, le clinicien doit faire usage de l’autorité du transfert pour signaler son désaccord à ce que l’être quitte ce monde, tout en lui signalant qu’il ne doit pas se sentir obligé de le faire, ajoutant que sa démarche est audible mais que le clinicien n’est pas disposé à la cautionner et qu’il attend le patient le lendemain, dans quelques heures, ou quelques minutes (technique de l’écarteur).

Il y a des êtres qui sont contaminés et d’autres moins, voire pas du tout, par le désir de ne pas uniquement vivre, mais surtout de construire une existence. Cette remarque concerne surtout la structure psychotique. Au moment où le clinicien a la confirmation du diagnostic de psychose, avec le résultat positif de la technique de la vérification de la certitude, le clinicien, qui ne savait pas jusqu’à présent, s’il s’agissait de névrose, perversion ou psychose, change de stratégie de la conduite de la cure. Sa visée, à partir de là, est d’éviter de contaminer la cure avec des interprétations qui peuvent pousser au passage à l’acte et un transfert inadéquat qui pousserait à l’érotomanie.

Il y a des êtres qui se considèrent asexués, d’autres féministes, femmes, féminines, voire folles. De même qu’il y a des êtres qui vivotent, d’autres qui vivent et d’autres encore qui veulent construire une existence. Le confinement est devenu le nouveau bouc-émissaire pour des êtres qui n’existaient pas et qui utilisent le virus, ou le confinement, pour justifier leur relation difficile avec le fait d’être en vie, sans pour autant exister.

Sans exister, quelques êtres s’accouplent sans avoir les moyens de porter symboliquement un enfant (l’éduquer, veiller, gronder, aimer, proche sans être collant, distant sans être trop loin), pour au moins vingt-ans.

Il y a des êtres qui naissent pris par des signifiants favorables. Je prends appui approximativement sur la signification du signifiant Freud : Freude (plaisir, joie) ; Freuden (délices, joies) ; Freudin (petite amie) ; Freut (heureux) ; Freund (Ami, amicalement) ; Freundliche (amical, sympathique). D’autres, sans un appui de l’Autre barré prime incarné par une autorité apaisante (Ⱥ’), pourront trouver une opportunité de s’inscrire autrement dans la vie et ainsi construire une existence à partir de leur psychanalyse. C’est pour cette raison que j’affirme que la psychanalyse est une clinique de l’espérance.

Le problème de l’erreur diagnostic est une constante dans la clinique. Ceci concerne surtout les psychologues « cliniciens », comme il est écrit sur leur diplôme universitaire. En acceptant le diagnostic posé par le médecin ou par le psychiatre, ou en refusant, par ignorance, de poser un diagnostic, le psychologue clinicien n’assume pas la responsabilité de la conduite de la cure psychothérapeutique. Il obéit par mimétisme, au maître, à savoir, le médecin qui a posé le diagnostic de psychose, d’autisme.

La porte d’entrée pour la prise en charge de quelqu’un qui appelle un clinicien est la souffrance. Ceci ne signifie pas que, sans souffrance, il ne sera pas reçu. Cela indique simplement qu’il ne sera pas en psychothérapie, mais reçu dans le cadre des entretiens préliminaires jusqu’à la reconnaissance par l’intéressé, de sa souffrance.

Une fois que l’être monte sur le bateau de la psychothérapie, il ramera avec son désir matérialisé par sa présence, par ses associations libres. Le clinicien, au nom du transfert, par son désir exprimé par sa présence corporelle silencieuse, conduira la cure. La suite sera le déchiffrage des symptômes psychiques, corporels et organiques qui font souffrir l’être.

C’est le désir de l’Autre barré prime (Ⱥ’), le clinicien en l’occurrence, qui fait naître le transfert (a  a’), surtout quand l’être est dans la position de malade. L’installation du transfert est l’accusé de réception par l’être du désir de l’Autre barré (Ⱥ). Parfois le transfert est déjà installé par l’être, ce qui épargne au clinicien le travail de faire naître le transfert. En revanche, le nourrissage, concerne le clinicien et le patient.

Le nourrissage du transfert viendra avec le désir du clinicien d’occuper la position d’objet a, et du désir de savoir du patient, voire du psychanalysant, de devenir sujet.

Incontestablement, le transfert psychanalytique est différent de la suggestion. Si le transfert chez le psychanalyste se caractérise par le manque qui pousse au désir de savoir et ensuite du désir de construire pour le psychanalysant, de sa position de sujet, la suggestion pousse à la connaissance, au comblement, voire la fortification du Moi. Le transfert psychanalytique n’est pas une escroquerie, en revanche le transfert séducteur, hypnotique, manipulateur porte les marques d’une relation de tromperie installée entre le Moi qui ne veut pas payer le prix de construire, or construire passe par le manque, et la volonté de domination, propre à la psychothérapie avec psychothérapeute (Cf. « Cartographie du RPH).

Quand le psychanalyste, dans la position de psychothérapeute, nourrit le transfert, sa visée est de pousser la cure vers l’entrée en psychanalyse. Le transfert psychanalytique pousse à la castration du Moi et non à davantage d’aliénation, comme dans le cas de la suggestion.