Fernando de Amorim
Paris, le 20 octobre 2024
La castration est une castration symbolique et l’être, selon sa structure, ne la désire pas. Il est possible d’affirmer qu’il ne la désire pas au moment de la sortie d’une psychanalyse. Si le psychanalyste décède, s’il abandonne, s’il se fâche ou pour n’importe quelle autre raison, rien ne justifiera que le psychanalysant cède sur son désir de construire sa position de sujet.
Dans la psychose, l’être désire la castration, mais son Moi ne la supporte pas. La preuve en est l’évitement dans le cas de la rencontre avec la forclusion. Dans la névrose, l’être la désire et le Moi la supporte en se dégonflant, grâce au courage de l’être, il faut bien le signaler. Dans la perversion, ni l’être ni le Moi ne souhaitent la castration ; la perte en termes de jouissance est trop importante. Ici, le jeu n’en vaut pas la chandelle. L’objet a ne manque pas au Moi pervers ; donc, même dans la position de sujet, l’être ne se castre pas. Pour cette raison, il reste en mouillage.
La chute de l’objet a est un abandon, effet de la castration de la sortie de psychanalyse du sujet de structure perverse. Il laisse tomber la position de cerbère de ses organisations intramoïques. Cela est possible, parce que l’être reconnaît l’Autre barré.
L’abandon de l’objet de jouissance et la reconnaissance de l’Autre barré indiquent que le Moi de structure perverse désire occuper la position de sujet.
Un adolescent ayant des habitudes de consommation d’alcool est suivi en CMP pour trouble du comportement alimentaire et du sommeil. Il affirme que « les premiers contacts humains que j’ai eus c’était avec ma mère ». Le premier contact d’un être vivant est avec le rien, puis le verbe, ensuite seulement avec le Moi, mandaté par l’Autre non barré ou l’Autre barré, de sa mère.
Sans ces repères propres à la clinique de la psychanalyse, le praticien – je vise le psy, qu’il soit psychothérapeute, psychologue ou psychiatre – se perdra dans la conduite de la cure. Lesdits psys ne possèdent pas une carte si élaborée de l’océan Inconscient freudo-lacanien. La psychologie ainsi que la psychiatrie n’abordent pas le cœur de la souffrance humaine. Même si je reconnais leur présence dans le paysage social.
En d’autres termes, la théorie freudo-lacanienne est une carte dans la navigation du clinicien, qui permet à ce dernier d’éviter de se perdre, avec le patient, en ne sachant pas où se trouve le Nord clinique.
Un autre jeune adulte, habitué de l’hypnose et des techniques de dressage du Moi, telles que les TCC – techniques comportementales et cognitives, et depuis peu émotionnelles, on n’arrête pas le progrès –, souffre de ne pas gérer ses troubles anxieux et affirme avoir quitté sa mère physiquement, corporellement, mais pas psychiquement. En d’autres termes, il n’a rien quitté.
« Donc, vous n’avez pas quitté ! », dis-je.
Il viendra la séance suivante en disant son étonnement de la formulation du clinicien. Ce moment crucial de la scansion mérite ce qualificatif de crucial, puisque la personne a saisi l’opportunité pour faire ses bagages et quitter le nid, comme elle l’avait dit.
Ce jeune homme est véritablement en psychothérapie. Il dit être bloqué par la pensée de l’autre : « Comme si je n’avais pas de personnalité à ces moments-là. Je me sens écrasé ! ».
Sa psychothérapie est, pour lui, une réussite.
Le clinicien n’a pas à discuter car, après examen, les éléments de souffrance et les symptômes ne sont plus au rendez-vous dans son quotidien. Il ne s’agit pas ici d’étudier la structure puisque, en psychothérapie, la structure part à vau-l’eau. C’est en psychanalyse que la structure entre dans l’opération clinique.