Accueil > Les brèves > Le langage de l'angoisse en psychanalyse - Paris 9ème

Le langage de l'angoisse en psychanalyse - Paris 9ème

L’Angoisse
 
Fernando de Amorim
Paris, le 14 juillet 2020
 
A Mme N.
 
 
L’angoisse est un affect puissant. Elle se caractérise par une secousse des parties du Moi. Le névrosé vit cela comme un tsunami imaginaire, le psychotique comme la fin du monde, le pervers réagit au tsunami en faisant appel au fétiche obligatoire pour que la bandaison soit au rendez-vous ou à des pratiques sexuelles à risque pour éviter l’angoisse. Il s’agit des stratégies du Moi pour gagner du temps et ainsi éviter la castration.
 
Si Freud lie l’angoisse à la perte, c’est de la perte d’un objet imaginaire – donc d’un objet que le Moi croyait ou était sûr et certain de posséder – qu’il s’agit.
 
Le vrai est que l’objet, même s’il est symbolique, et même réel, n’appartient pas au Moi. Rien ne lui appartient.
 
Et pourtant, le Moi se charge de nourrir cette croyance, voire cette certitude, de propriété. Le travail du psychanalyste est d’amener la cure à ce que le Moi puisse constater la fausseté de ce raisonnement, et de tirer les conséquences de son choix : de se séparer de l’objet, en en faisant le deuil, ou de continuer à nourrir la croyance, voire la certitude, qu’il pourra retenir, garder ou mourir avec l’objet.
 
L’angoisse est le produit d’une méconnaissance de l’objet par le Moi. Comme ce dernier ne connaît pas l’objet, ce qui signifie qu’il ne le domine pas, il s’angoisse. J’utilise le verbe connaître et non savoir car, le savoir sur un bout de l’objet se trouve à la sortie de la cure.
 
Dans une cure, dans un premier temps le Moi méconnaît l’objet, de là l’angoisse ; dans un deuxième temps, l’angoisse laisse la place à l’agressivité ; dans un troisième temps, c’est l’autre diffus (copain, petit-ami, épouse) qui concentre l’agressivité du Moi ; dans un quatrième temps, cet autre devient parental. Dans ce quatrième temps, la cure entre dans la Mer d’Œdipe. Qu’il soit névrosé, psychotique ou pervers, le Moi sera confronté avec la perte de l’objet, parfois c’est cette perte qui provoque la souffrance qui pousse (poussée) le Moi à venir chez le clinicien.
 
A la sortie d’une psychanalyse, le Moi vit avec le manque. Ce manque est le résultat de l’opération pulsionnelle qui consiste à faire que le but de la pulsion (carré blanc) encastre l’objet (cercle blanc).

(schéma 1)
 
Cette opération impossible, met en évidence quatre poches vides.

(schéma 2)

C’est ce vide qui animera l’être à désirer, à partir du manque, et ainsi à supporter d’exister sans complétude.
 
 
(schéma 3)
 
 
En latin, angustia, le plus souvent au pluriel, fait référence à un « espace resserré », où il est difficile de « défiler », l’autre référence au mot latin, la chaîne signifiante.
 
Dans la clinique, l’opération consiste à calmer – au nom de l’autorité du transfert – le Moi, et ensuite, à exiger le respect de la règle d’association libre. C’est par le succès de cette opération que l’angoisse laissera la place à l’agressivité, à l’objet œdipien, à la perte et le deuil de l’objet et enfin, à l’existence possible avec le manque de l’objet. À ce moment, le Moi laisse la scène pour que l’être puisse désirer, dans une danse quotidienne avec le Réel.
 
L’angoisse de la perte du pénis chez le garçon, concerne le registre symbolique, même s’il est su que des majeurs –, ils sont loin d’être adultes, donc responsables –, s’amusent à menacer les garçons de couper leur zizi s’ils sont méchants. Un enfant méchant c’est un enfant qui souffre. La petite fille, par sa structure corporelle, va directement au vif du sujet : c’est la pensée de perdre l’amour des parents qui déclenchera l’angoisse. Le garçon, trompé par son bout de chair, pense que c’est son pénis qui est en jeu, quand en réalité, c’est sa condition d’être dans le monde qui se joue.
 
Et cela pour les filles et les garçons.
Une société d’adultes devrait préparer les deux sexes à devenir sujet à part entière dès leur naissance. Mais comme la société humaine se caractérise par un groupement de majeurs souffrants, malheureux, voire malades – et il n’est pas de société humaine d’hier ou d’ailleurs pour rattraper l’autre –, les petits sont accueillis sous forme de bienvenue culpabilisante, voire triste, par le désir de l’Autre parental non barré.
 
Pour les deux sexes, l’angoisse est due au fait que l’agressivité envers les parents ne peut pas être exprimée par la parole et par un accueil bienveillants par les majeurs qui l’entourent. Et cela parce que ces derniers, justement, sont des majeurs, c’est-à-dire, ils ont la majorité, mais ne sont guère adultes, c’est-à-dire, responsables de leur désir.
 
N’importe quel enfant normal veut se séparer de sa mère. Le problème pour l’enfant c’est que la mère ou le père, ne veut pas de cette séparation car cette dernière est la matérialisation, pour la mère et le père du petit, de leur pouvoir et même de leur revanche vis-à-vis de leurs parents.
 
Quand un enfant préparé pour devenir sujet se voit confronté à l’angoisse de séparation, il est rassuré par ses parents avec bienveillance à continuer l’exercice d’aller vers le monde. Le beau dans l’existence c’est le monde vrai et non les jupes de papa et maman. Un tel discours est possible d’être transmis quand le parent est un adulte qui baise avec sa partenaire sexuelle et qui n’a besoin de retour d’aucune sorte, en amour, ou en nature, de ses enfants. Le devoir des parents c’est de préparer l’enfant au monde et non de le préparer à s’occuper d’eux pour leurs vieux jours. D’où ma distinction entre les parents majeurs et parents adultes. Une mère incapable de se faire des copines ne sort qu’avec ses filles ou son fils n’est pas un adulte c’est une majeur. Un père qui appelle son fils de presque trente ans « mon prince », n’est pas un adulte c’est un majeur qui se prend pour un roi. Le domicile familial est un nid de jouissance. Les enfants doivent être préparés à le quitter, pour se barrer comme disent les jeunes, et la barre ici a toute son importance, dès qu’ils se sentent prêts. Or, comme l’a constaté Freud, toutes les situations d’angoisse des enfants ont un lien avec la séparation de l’enfant, indépendamment de son sexe, avec la mère. Pour montrer que la psychanalyse n’est ni une idéologie ni une nouvelle religion – il faut une dose considérable d’imbécilité ou de mauvaise foi intellectuelle pour croire à une connerie pareille –, je mets en évidence, à partir de l’évolution freudo-lacanienne de la psychanalyse, que la mère ici c’est l’Autre non barré (A). Cette organisation intramoïque est propre au majeur, père ou mère, et elle se trouve dans le champ préconscient de l’appareil psychique, c’est-à-dire, une partie des organisations intramoïques (la résistance du surmoi et l’Autre non barré) baignent dans le conscient et dans l’inconscient.
 
La séparation d’avec l’autre parental est nécessaire pour commencer à exister, puisque vivre l’enfant le fait déjà. Pour cela il, est nécessaire que l’autre parental se castre de son Autre non barré, qu’il appuie l’enfant à grandir. Ce n’est pas de la séparation que l’enfant a peur, c’est du sentiment de perte de l’autre. De là le déclenchement de l’affect d’angoisse. Si l’autre parental rassure le Moi du jeune, il partira construire son existence : les garçons avec les filles, les filles avec les garçons. Ici, ils n’auront pas besoin de se droguer ou de se prostituer pour apprendre sur la vie. La mode maintenant est à l’acceptation de créations de nouvelles sexualités. J’accepte bien évidemment un adulte homosexuel ou transsexuel ou lesbienne, ce que je ne partage pas c’est que l’Autre parental puisse imposer à l’enfant de réaliser son fantasme, voire son délire sexuel au nom d’une idéologie. Devenir homosexuel, transsexuel est intimement lié au désir de l’Autre non barré. La sexualité hétérosexuelle n’est pas plus facile que l’homosexuelle. En revanche, quelques majeurs veulent des enfants comme si ces derniers n’avaient pas le droit de devenir sujet. C’est la même logique pour la PMA et pour la GPA. La médecine, dans sa logique vétérinaire, répond à la demande des majeurs, quand le traitement et l’enfant servent à éviter l’angoisse au début et la castration à la fin de l’opération de ne pas avoir.
 
L’angoisse n’apparaît pas quand le désir ne peut pas s’exprimer puisque le désir ne s’exprime jamais : il pousse vers la castration, c’est la fonction de l’Autre barré. L’angoisse apparaît quand le néant devient l’unique forme d’exister, ponctuellement, par période ou la vie durant.
 
 
Nous écrire
Les champs indiqués par un astérisque (*) sont obligatoires
Découvrez églament
la psychothérapie à paris 9è

La psychothérapie à Paris

La psychothérapie est une forme de traitement des souffrances psychiques, des souffrances corporelles et, en association avec la médecine et la c...
En savoir plus