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Les trois voies libidinales

Fernando de Amorim
À Paris, le 16 mars 2024
 
Pour S. V.
 
Le pontage libidinal est une opération dans laquelle le Moi de l’être ne veut rien savoir. Il ne passe pas par la rencontre avec un psychiste, il se satisfait de la thérapeutique médicale (pharmacologique, psychopharmacologique, chirurgicale) et, une fois terminé le traitement médical, reprend sa vie en inventant une activité nouvelle, comme prendre soin des enfants d’autrui, prendre en charge des pratiques sportives ou culturelles. Le Moi dans le pontage libidinal n’est pas castré, il est renforcé.
 

Il s’agit ici d’une lecture actuelle (2024). Elle annule ma lecture de 2001, parue dans la Revue de psychanalyse et clinique médicale, n° 8, page 17, où je définissais le pontage libidinal comme « le résultat d’une opération clinique avec un psychothérapeute ou un psychanalyste ». Il existe une possibilité transférentielle et psychothérapeutique dans ce que je nomme l’Autre voie, puisque cette voie reconnaît l’Autre barré ; ce qui n’est pas le cas dans le pontage libidinal. Dans le pontage libidinal, l’agent est la libido et l’objet est la maladie organique.
 
Dans l’Autre voie, le Moi interprète, donnant ainsi un sens à ce qui lui arrive à partir de l’Autre barré, mais sans pour autant produire un effet de castration. L’interprétation produite en séance est thérapeutique, mais elle ne produit pas de castration dans la durée. C’est ce qui se repère dans la psychothérapie des malades en médecine. Dans l’opération que je nomme Autre voie, l’être fait usage de la parole, mais comme il ne se décolle pas de son Moi, il n’y a pas castration. L’agent, ici, est la pulsion et l’objet, le symptôme corporel ou somatique.
 
La Durcharbeitung freudienne ne produit pas de sens, comme dans l’Autre voie, ni un acte d’évitement de la castration, comme dans le pontage libidinal. Dans cette situation, l’être est castré parce qu’il reconnaît qu’il ne peut pas combler le cercle (l’objet) avec le carré (le but). L’opération est donc la castration, l’agent le signifiant et l’objet la souffrance psychique. Cette réflexion rectifie donc ce que j’avais avancé en 2001 dans mon Séminaire d’Avicenne, II, page 399.
 
C’est cette troisième voie que vise le psychanalyste qui travaille avec le malade de médecine.
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