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Covid-19 en France : Amendes pour le non-respect des mesures sanitaires

La COVID-19 et le Moi fort

 

Fernando de Amorim

Paris, le 10 juillet 2020

 

 

C’est Paris Match et non Charles de Gaulle qui a dit que les français sont des veaux. Certes, il a dit que les français beuglent, qu’ils se plaignent beaucoup. Mais jusqu’à les appeler des veaux…

 

Il faut dire que le Moi humain cherche toujours sa Maman. Devenir adulte n’est pas une visée existentielle pour tous les mammifères, et cela par structure. Un taureau ne peut pas parler, un être humain n’est pas forcément un être parlant, surtout quand il parle pour ne rien dire, un être parlant n’est pas forcément un sujet. Sujet ici veut dire un être qui occupe la position de celui qui porte la responsabilité de son existence et celle de quelques autres. Ainsi, le veau n’est pas français il est humain. Autrement dit, le Moi humain est un veau : à se plaindre, à demander sa vache de mère.

 

Dans les années quatre-vingt, j’avais écrit que, dans le cas du VIH : « La prévention est la thérapeutique ». Cela voulait dire que, sans vaccin, il fallait utiliser les moyens de prévention pour éviter la maladie. Bien entendu, le Moi humain, aliéné par structure, oubliait de mettre le préservatif et se trouvait contaminé, dixit quelques patients à l’époque. Aujourd’hui, en ce qui concerne la COVID, j’estime que cette formule est encore utilisable. En écrivant ces lignes, peut-être il faut la généraliser à tous les virus : « Dans le cas de la rencontre des virus avec les corps humains, la prévention est la thérapeutique. »

 

Le 16 mars 2020, à six reprises, le Président Emmanuel Macron, a dit : « Nous sommes en guerre ». Il sonne la mobilisation générale et met le pays en confinement. En appelant l’ennemi d’invisible et surtout d’insaisissable, le Président reconnaît le registre du Réel auquel appartient le virus.

 

En prenant la décision de confiner les français, le Président assume sa responsabilité de Chef de la Nation. En un mot, il a fait son travail. C’est le Moi du français que ne fait pas le sien quand, après le confinement, il néglige sa vie et celle d’autrui. Le Président, comme le Premier Ministre de l’époque et son Ministre de la Santé, ne sont pas des baby-sitters. Le Moi des français veulent être portés par ses dirigeants, par les autorités, tout en les haïssant copieusement, jusqu’au meurtre. Philippe Monguillot, chauffeur de bus à Bayonne, était agressé par des inhumains, comme a dit son épouse : « Parce qu’il n’a pas accepté que les barbares entrent dans le bus » – duquel il est le responsable, comme un Président d’un pays –, sans masque et sans payer le ticket. Ce rapport avec l’autorité s’effiloche par l’aliénation du Moi, qu’il soit le Moi du français, le Moi du nord-américain, le Moi du brésilien. Manifester contre la police et pas contre les bandits ? Les premiers sont violents, pas les deuxièmes ? Le Chef d’État brésilien était obligé par un juge à porter le masque (j’apprends qu’il est testé positif). Les mauvaises langues disent bien fait. Je pense que le Réel passe et trépasse les innocents, comme des abrutis.

 

Nous sommes confinés du 17 mars jusqu’au 11 mai. La situation sociale et clinique est inquiétante (des patients ne sont pas soignés d’autres maladies, les jeunes enfants ne sont pas vaccinés), l’angoisse, l’anxiété, la perte d’appétit et de sommeil, l’agressivité domestique montent en flèche ; la situation économique n’est pas mieux. En un mot, le confinement a terrassé beaucoup de gens et de biens. Sans le confinement, ce serait pire. Si le conducteur du Pays, comme le conducteur du bus, avait laissé la jouissance folle se répandre, ça serait pire pour nous tous.

 

Et pourtant, les oiseaux de mauvais augure sont déjà en train de critiquer la stratégie du gouvernement, probablement pour attirer des votes, et les plus perdus sont en train d’engager des avocats pour punir les dirigeants. Quand les rapines se trouvent…

 

Il a fallu faire appel aux forces de l’ordre – les mêmes que les candides et les candidats à innocence veulent désarmer – pour que le Moi reste chez lui pour ainsi, protéger sa vie, sa vie et non son existence car, pour ce qui est d’exister, il n’est pas encore là.

 

Après un confinement prévu pour une durée de quinze jours au moins et qui était prolongé pour des mois pour sauver des vies, au moment de penser à sortir du télétravail, de retourner au bureau, de travailler plus… le Moi meugle, beugle, mugit.

Le Président de la République avait dit : « Nous sommes en guerre ! » Il n’a pas tort. Cet adversaire, voire cet ennemi n’est pas le virus. Il ne faut pas non plus penser que notre visée doit être de détruire ou anéantir cet adversaire ou cet ennemi. Mais il faut l’identifier, le nommer et faire circuler les manières de protéger les personnes. Comment faire cela, si le Moi ne veut rien savoir de sa propre existence, et donc de protéger la vie de son semblable ?

 

Puisque le Président parle de guerre, je pense que estimer à reconfiner la population française portera un coup au moral des troupes. Et pourtant, c’est ce qui se dessine.

 

L’aliénation du Moi n’est pas dissociée de son ignorance. Il est possible de repérer cela dans le Réel, l’impossible lacanien.

 

Nombreuses sont les personnes qui vivent en France sans respecter les lois de la République. Dire cela, est-ce être raciste ? Non, c’est signaler aux jeunes qu’il est fondamental de s’éloigner des idéologies et des religions qui n’apportent pas la tranquillité de vivre convenablement dans une société civilisée. Vivre convenablement, c’est chercher à s’intégrer au Réel par la voie du Symbolique, c’est lire le monde dans lequel on vit. Il faut dire que le monde français, celui porté par la langue française, est un monde humainement vivable et pacifié. Ici, pas de Dieu méchant qui dicte des injonctions : arrête de travailler, d’aimer, de parler, pour s’agenouiller. Nous avons eu notre lot de servitudes aux représentants méchants du Dieu. C’était notre moyen-âge. Les moyenâgeux sont toujours là, au nom du Moi fort nourri, car noyé, dans l’Imaginaire. « Ainsi soit-il ! ». Ne pas rater mon trait ironique dans cette injonction, je vous prie.

 

Ne pas rentrer dans ce monde français, en mangeant sa nourriture, en buvant son vin, en chantant ses chansons, en devenant français à part entière, apporte une aliénation au corps et au monde dans lequel on vit, lourde de conséquences. Une étude de l’Insee nous apprend la promiscuité des habitats et des transports des pauvres. Je m’adresse encore aux jeunes (je ne m’adresse jamais aux majeurs, toujours aux futurs adultes car ceux qui le sont déjà n’ont plus besoin de ces rappels) : saisissez l’opportunité offerte par la République : étudiez, travaillez, mélangez vos fluides dans l’amour – avec préservatif ! – de tous les jours. Ne faites pas comme les donneurs de leçons qui vous entourent, habiles à vous dire quoi faire, mais bien incapables de faire ce qu’ils disent. Refusez toute proposition de viol parce que c’est votre frère aîné, dénoncez votre mère qui veut vous exciser, rebellez-vous quand un type vient chez vous pour se marier alors que vous êtes en âge d’aller au collège. Ne vous mettez jamais en position de victime : elle attire les bourreaux.

 

Être né à l’étranger, selon l’étude, a déterminé la mortalité ? Le pouvoir de la langue n’est pas négligé dans cette étude. Vivre la langue française à l’école, au travail, en famille n’est pas à exclure dans cette immunité. La langue française – je ne me sens pas autorisé à faire cette hypothèse pour une autre langue –, matérialisation du Symbolique qui castre l’Imaginaire et aide l’être à danser le Réel de tous les jours, introduit la castration nécessaire pour que le Moi puisse être dégonflé ou se sentir moins maître dans son terroir.

 

Voilà, nous avons les trois registres lacaniens. Dire que Lacan c’est de l’abstrait m’a toujours étonné. Lacan c’est une proposition de lire le Réel, par le Symbolique, pour ainsi dégonfler l’Imaginaire.

 

Les personnes nées en Afrique ou en Asie vivent entre elles, mangent et se marient entre elles, et cette manière Imaginaire de faire avec le Symbolique, produit des effets dans leur rapport au Réel. De là, l’importance que les jeunes puissent s’éloigner de tout ce qui, pour eux, ne va pas dans le sens de ce qu’ils veulent construire pour leur vie.

 

Pendant la crise sanitaire liée au virus, le nombre de décès a fortement augmenté dans notre pays, selon l’étude de l’Insee, toutes causes confondues. Le nombre de décès des personnes nées en France, mais vivant en Seine-Saint-Denis, a augmenté de 95%. Celui des personnes vivant en Seine-Saint-Denis, mais nées au Maghreb, a augmenté de 191%. Pour celles nées en Afrique hors Maghreb, l’augmentation a été de 368%. Mon hypothèse est que le Symbolique, la langue française, la France, sa culture, sa sexualité, sa religion – dans les lieux construits à cet effet et non à chaque coin ou même dans la rue, avec les sicaires de divinités vérifiant et dénonçant le malheureux qui n’a pas fait sa prière – est un facteur d’immunologie et de préparation à la danse avec le Réel. Et cela indépendamment de l’âge, puisque l’étude constate le nombre de décès chez les moins de 65 ans. Il faut dire aussi que changer de pays et penser à son pays à longueur de journées peut être aliment de tristesse. De là mon désaccord avec les doubles nationalités : l’être doit choisir où il veut vivre et il doit assumer cela, symboliquement : le passeport est la marque de cette castration. Il y a des jeunes gens qui ont des passeports étrangers, qui ne savent ni lire, ni écrire ni parler la langue du pays de leurs aïeux. Pourtant, ces derniers inculquent dans leurs esprits qu’ils sont arabes ou africains quand ils sont nés à la maternité de Lariboisière ou dans le XIIe arrondissement de la Capitale ou à Bobigny. Pour la formation d’un esprit, cette dichotomie est ravageuse.

 

Des indicateurs signalent que le virus peut atteindre d’autres organes et, plus récemment, des études viennent signaler que le virus peut se transmettre par voie aérienne dans les lieux publics, selon l’OMS, organisation dont un certain Monsieur vient de se retirer, histoire de faire un bouc émissaire. Ce comportement est propre au Moi fort : il faut un autre coupable, comme pour le Moi, il faut une incarnation de son Autre méchant. Dans une psychanalyse, le Moi est invité, avec bienveillance, à faire un 180° sur lui-même. Ainsi, il reconnaîtra que son adversaire ou son ennemi est en lui d’abord, et parfois, en lui aussi. J’ai perdu le droit à l’innocence de penser que c’est l’homme qui est un loup pour l’homme – Homo homini lupus est –, c’est le Moi, pris par ses organisations intramoïques, qui sont d’une sauvagerie sans bornes envers son compatriote humain. En choisissant de lire la haine humaine de cette manière, j’ouvre la porte à ce que le Moi puisse, dans la castration, construire une voie pour le pardon, pour un rapport de vérité au monde. Je demande à des gens qui gagnent leur vie avec la clinique de faire un doctorat, refus absolu et argumenté ; une dame casse des écouteurs… « C’est la pince à cheveux qui a cassé les écouteurs », dit-elle. Face à mon étonnement, elle confirme… « Oui, oui, c’est la pince à cheveux… ». Mais, qui a tiré le casque avec une seule main de sa tête, en écartant jusqu’à la rupture de l’objet ? » La dame ne cède de rien ; en passant dans une rue, je vois une dame en train de fumer, elle qui est asthmatique et qui me bassine qu’elle a arrêté de fumer. Je lui dis que je l’avais vu fumer, mais que cela est son affaire. Elle me regarde droit dans les yeux et dit : « Mais je ne fume plus depuis des mois… ». Stupéfait, je lui dis : « Mais je viens de vous voir… » Elle : «Ce n’est pas moi ! ». Au point que je me suis mis à douter de ce que j’avais vu. Le lendemain, elle m’apporte des cadeaux. Elle sait que je ne les accepte pas. Ces personnes m’apprennent énormément sur le rapport qu’elles ont avec leur existence. Dans toutes ces sympathiques anecdotes, le Moi aliéné est au rendez-vous.

 

Après ces illustrations emblématiques d’un Moi qui ne cède en rien, je reviens au cœur de cette affaire : face au refus du Moi de reconnaître le Réel, l’autre nom de la vérité, notre système de santé doit revoir la copie de son fonctionnement. Il est impossible d’augmenter les salaires – hausses justifiées – du personnel soignant tout en dépensant autant en hospitalisations inutiles et en médicaments non utilisés par les patients, en arrêts-maladie abusifs et en abus de la part du Moi aliéné des patients, qui utilisent les avantages du système pour faire jouir les organisations intramoïques, et les médecins qui donnent des arrêts-maladie pour ne pas perdre la face au regard des patients. C’est toujours avantageux pour le narcissisme d’être généreux avec l’argent de l’autre. Si les arrêts-maladie coûtaient aux médecins, en accorderaient-ils autant ? C’est cela la médecine vétérinaire appliquée aux mammifères humains.

 

Avec un déficit de plus de 40 Mds d’euros, il me semble qu’il faille responsabiliser le Moi à l’usage qu’il fait des avantages construits par notre sécurité sociale. Avec une dette hospitalière de plus de 50 Mds, il me semble important que les psychanalystes soient invités à travailler avec le corps soignant à l’hôpital.

 

Comment financer une nouvelle vague virale ?

 

Il ne faut pas que nous puissions avoir une nouvelle vague. Et pour cela, il ne faut pas laisser le Moi des Français et de nos dirigeants prendre les rênes de la situation. Une deuxième vague sera encore plus catastrophique pour le pays. Comment nous protéger ? Exiger que tous respectent les règles barrières. Et si elles ne le sont pas, il faut appliquer des amendes – nous avons besoin de l’argent pour payer les soins médicaux des abrutis, des innocents comme des honnêtes gens – payables sur le champ. Nous avons une foule de majeurs, ceux qui ont la majorité, mais pas assez d’adultes.

 

Instance structurellement aliénée, le Moi oublie les événements déplaisants avec une facilité extraordinaire. Cela est dû au mécanisme de refoulement.

 

La France vient de sortir d’un confinement nécessaire qui a produit des effets ravageurs pour les personnes et l’économie : décès, fermetures d’entreprise, pertes d’emploi, augmentation des symptômes psychiques et corporels et pourtant, dès le dé-confinement, les personnes ont commencé à sortir, à s’embrasser, à ne pas respecter les gestes barrières qui ne sont pas synonymes de distanciation sociale.

 

Le Moi aliéné ne concerne pas uniquement la population, à laquelle j’appartiens. Le Moi aliéné concerne aussi les autorités qui, en laissant les gens rentrer en France sans s’assurer qu’ils ne sont pas porteurs de virus, montrent qu’elles ont oublié que le pays vient de sortir d’un confinement de plusieurs mois.

 

Imaginer que les Français seront re-confinés portera un coup psychique énorme à la population.

 

Afin d’éviter cela, je sollicite aux autorités de ne pas relâcher leurs efforts et de mettre en place des protections à la population en générale sous forme d’amendes payables immédiatement.

 

Les médecins signalent leur inquiétude déjà. Pour quelle raison ne sont-ils pas entendus ? Parce que les médecins ne sont pas psychanalystes. Ils ne savent pas dire où se trouve le problème. Le problème se trouve du côté du Moi humain. Et cela concerne le Moi de chaque membre de la population française, de chaque autorité, de chaque médecin, de chaque psychanalyste.

 

Re-confiner la population aura des conséquences importantes. Avant d’en arriver là, il faut réagir maintenant.

 

Les appels à la prudence, le 20 mai de Madame Genéviève Chêne, directrice générale de Santé Publique en France, et, un mois et demi plus tard, la mise en garde de Jérôme Salomon, directeur général de la Santé, le 9 juillet 2020, la mise en alerte de Jean-François Delfraissy, Président du groupe scientifique, et ensuite cette phrase : « On ne voit pas comment on éviterait un retour du virus », sont des positions insuffisantes du Moi face au Réel du virus. La tempête arrive et nos dirigeants sanitaires tirent le signal d’alarme avec leur auriculaire.

 

Sont-ils inhibés ou paralysés face au Réel ? Ici aussi, il est possible de trouver le Moi fort mais non pas moins aliéné.

 

Le Moi des gens qui ne respectent pas les consignes sanitaires donnent la preuve que leur Moi n’est pas encore castré. Cet état d’aliénation est propre au Moi. Sera-t-il nécessaire d’installer un dispositif d’amende réglable immédiatement pour les personnes qui se baladent sans masque ? Je le pense car, la démocratie, les droits de l’homme, ne sont pas reconnus par le Réel. Il faut donc que l’autorité, en faisant usage du Symbolique, sous forme de règlement d’amende, puisse protéger le Moi de son aliénation et surtout protéger les autres, ses semblables. Le Moi en tire la jouissance d’être serviteur aliéné des organisations intramoïques, de là ce comportement irresponsable.

 

Les autorités sanitaires françaises ne pourront pas juguler l’épidémie sans une collaboration décidée de la population, la même qui a accepté d’être confinée. Il ne faut pas perdre ce gain de satisfaction. Si tel est le cas, je ne pense pas que les gens trouveront la force nécessaire pour supporter un autre confinement.

 

Quelques jours après la sortie du confinement trois clusters sont apparus, ensuite quatre-vingt-six, et maintenant plus de deux cents clusters. Il me semble important d’imposer des masques et de forcer au respect des gestes barrières sous peine d’amende payable immédiatement. Face au Réel et pour briser les chaînes de contamination, il faut une arme symbolique. C’est ici que se place l’argent de l’amende.

 

Les informations locales, les messages sur les médias et surtout l’amende de 30, puis 90, 250, 580 euros, et ainsi de suite. Cet arsenal symbolique vise à éviter la limitation des déplacements, ce qui ne sera pas du tout bon pour le moral.

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