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Conséquences économiques, sociales et environnementales du COVID-19

Fernando de Amorim
Paris, le 15 mai 2020

 

                                                                                              

Lettre au Chef de Cabinet du Président de la République

 

 

 

Monsieur Le Président de la République,
 
Tout d’abord, je tiens à vous remercier pour les efforts, que vous, votre gouvernement et en particulier Monsieur le Ministre de la Santé, ont fait pour les français. Le lapsus de Monsieur le Ministre de l’Éducation Nationale est tout à fait légitime : vous avez tous besoin de vacances qui seront bien méritées.
 
Au vue de notre situation sanitaire et des conséquences économiques, je pense que votre travail est remarquable.
 
Cependant, ma missive, Monsieur le Président, concerne votre visite à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière lors de laquelle vous avez énoncé : « Il faut mettre fin à cette paupérisation [des hôpitaux] ! » Mais comment ?
 
J’ai passé quinze ans dans un service de médecine interne en tant que psychanalyste et j’ai été témoin de cette paupérisation.
 
Aujourd’hui, je suis responsable de la CPP-Paris IXeme. Il s’agit d’une équipe de vingt cliniciens, de formation médicale psychologique, mais tous dans une position de psychothérapeute ou de psychanalyste. La moyenne d’âge est de 30 ans. Pour information, la consultation publique de psychanalyse a assuré en 2018, 47 135 consultations (quarante sept mille cent trente cinq consultations) ; 1 489 patients et psychanalysants ; 1 361 975, 90 euros (brut).
 
Pendant le confinement, mon équipe a continué à travailler et nous constatons que nos revenus n’ont pas fortement diminués. Et cela, parce que nous avons doublé, voire triplé nos actions cliniques.
 
C’est à partir de mon expérience que je me permets de vous faire quelques propositions, déjà faites depuis 1991, pour que nous puissions sortir de cette situation hospitalière tout en créant des emplois et apaisant les tensions des français.
 
Je tiens à vous signaler qu’une grande partie des personnes qui viennent voir les services de médecine de ville et les urgences hospitalières, c’est-à-dire qui demandent des rendez-vous médicaux en ville, souffrent psychiquement ou dans leurs corps. Cela signifie que quand une personne vient angoissée rencontrer un médecin généraliste en ville ou aux urgences médicales, cela prend du temps et coûte de l’argent (consultation remboursée, examens, médicaments). Dans une partie de situations cliniques, ces examens ne donnent rien, ou comme disent les médecins : « Madame, vous n’avez rien ! ». Bien évidemment, elle a quelque chose cette dame fictive. Elle a de l’angoisse, elle a de l’anxiété, de la tristesse. Toutes ces passions humaines sont articulées par les psychanalystes, depuis Sigmund Freud. Et grâce à Jacques Lacan, Freud est encore une référence clinique.
 
Ce que je vous propose concrètement, Monsieur Le Président, c’est de mettre en place une Consultation publique de psychanalyse expérimentale pendant six mois. Pour cela, il faut :
 
1) Utiliser les espaces libérés dans les bâtiments publics et installer des étudiants en psychologie et médecine qui désirent devenir psychothérapeutes ou psychanalyses, sous la supervision d’un clinicien chevronné. Cette expérience fonctionne puisque j’ai commencé en 1990, dans le service de mes patrons de l’époque, Messieurs le Professeur Loïc Guillevin et Philippe Cassasus. Les patients dans nos consultations payent 2 voire 5 ou 10 euros. Quand ils trouvent un travail, ils augmentent. Des étudiants d’hier ont commencé comme ça et aujourd’hui, ils déclarent des sommes considérables aux impôts. En un mot, le patient n’a pas d’argent mais le désir de se soigner, l’étudiant ne sait pas faire de la clinique mais a le désir d’apprendre. Quand ça va mieux dans la tête, les gens travaillent mieux.
 
Les médecins sont débordés parce que toutes les demandes et les plaintes viennent à l’hôpital, et cela n’est pas normal. Ma proposition est d’installer des psychistes (psychothérapeutes, psychanalystes,) à l’intérieur des services d’urgences, pour accueillir les demandes des patients et éviter les demandes d’examens inutiles et couteuses pour la société.
 
Monsieur Le Président, pour sortir de l’hospitalocentrisme, voici une autre proposition :
 
2) Que le patient puisse rencontrer un étudiant de la première à la cinquième année de psychologie ou de psychiatrie, et cela sous la responsabilité d’un psychanalyste aîné, avant ou après une consultation médicale. Cela signifie qu’il faille introduire les psychistes au sein des services d’urgences. Si la rencontre a lieu avec le psychiste avant même la consultation médicale cela permettra d’éclaircir la plainte ou le symptôme du patient qui pourra, ensuite, être adressé au médecin tout en organisant un suivi thérapeutique avec lui. Le patient pourra rencontrer le psychiste après avoir vu le médecin : qu’il soit aux urgences ou en ville, le médecin doit inclure une consultation avec un psychiste dans sa posologie. Si le patient refuse, le médecin pourra lui signaler qu’il ne peut se soigner s’il ne met pas du sien dans la thérapeutique. Et cela ad infinitum. Ces consultations doivent être menées par des étudiants de première à cinquième année de psychologie ou de médecine qui souhaitent devenir psychothérapeutes ou psychanalystes. Il faut un choc salarial, selon le Professeur Similowski. Pour produire un choc salarial, il nous faut des économies faites à partir des examens, des prescriptions, des hospitalisations qui ne sont pas inutiles mais précipitées.
 
Je vous prie d’agréer, Monsieur Le Président, l’expression de ma très haute considération.
 
 
 
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