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Remarques à propos de la brève sur « La fonction du diagnostic dans la cure psychanalytique »

Remarques à propos de la brève sur « La fonction du diagnostic dans la cure psychanalytique »

 

Fernando de Amorim
Paris, le 25 février 2021
 

 

Le diagnostic structurel, telle une route de fond, a la fonction de guider le clinicien, dans la position de navigateur, à amener la cure à bon port. Concernant la clinique, l’expression « bon port » vise la névrose et la psychose. Dans la perversion la visée est de construire un mouillage.
 
Dans le cas évoqué par Marine Bontemps, le diagnostic de psychose n’a pas été validé tout de suite parce que Monsieur I. accepte le diagnostic de paranoïaque dans la position de patient, ce qui signifie qu’il est sur le fauteuil. Ma remarque ne vise pas à annuler l’usage de la technique du dictionnaire, mais d’attendre, comme Madame Bontemps l’a écrit, à ne pas se précipiter car, ce n’est pas la technique du dictionnaire qui signe le diagnostic de psychose mais la vérification positive de la technique de la certitude.
 
Madame Bontemps écrit ce qui suit : « La cure se poursuit, mais sans la précision d’un diagnostic établi. ». En d’autres termes, le bateau nommé psychothérapie navigue à vue.
 
Quand Monsieur I. entre en psychanalyse, à savoir quand il passe du fauteuil au divan et qu’une certitude est validée positivement, Madame Bontemps a la preuve du diagnostic de psychose. Le bateau nommé psychanalyse navigue dans ces eaux-là, celles de la psychose.
 
La technique de vérification positive de la certitude est donc l’élément qui détermine le diagnostic de psychose et c’est avec cette confirmation positive que le clinicien change sa manière de conduire de la cure.
 
J’avais déjà évoqué que l’interprétation quand elle est issue de la bouche de l’être dans la position de psychanalysant est plus digne de vérité que lorsqu’elle sort de la bouche de l’être dans la position de patient ou de malade. Et la raison d’une telle affirmation c’est que l’association libre produit des formules, aux accents chimiques, poétiques, spirituels, qui éclatent aux oreilles du psychanalysant, le poussant à assumer la pensée transformée en parole et de transformer en action la parole dite. C’est la triade « une pensée, une parole, une action », propre à la position du psychanalysant où son Moi castré et pris dans un rapport éthique avec l’Autre barré (Ⱥ), prend en considération la parole bien dite. Cette dignité de vérité est reconnaissable chez l’être dans la position de psychanalysant, en psychanalyse, et dans la position de sujet, après sa sortie psychanalyse. Cette dignité de vérité est propre au psychanalysant le temps de sa psychanalyse, et au sujet, dans son quotidien existentiel.
 
C’est cette dignité qui donne la puissance de transformation symbolique à la réalité de l’être. Une interprétation sur le divan a plus de puissance symbolique que dans les deux positions subjectives précédemment évoquées. Pour rappel : la position de malade, l’être hospitalisé, et la position de patient, l’être sur le fauteuil, en institution ou en ville.
 
Avec la technique de la certitude positive, la structure psychotique est avérée. Une autre fois, l’hésitation s’installe puisque Madame Bontemps ne peut pas serrer davantage le diagnostic. Psychose certes, mais laquelle ?
Le psychanalysant a déjà confirmé qu’il était paranoïaque par la technique du dictionnaire, mais dans la position de patient ce qui, cliniquement, est insuffisant. Cependant, insuffisant ne veut pas dire invalide, surtout pas insignifiant.
 
Ainsi, c’est au moment où le Moi de ce Monsieur pourra construire un objet persécuteur propre à la persécution que le diagnostic de psychose paranoïaque sera effectif, ce qui permettra à la clinicienne de viser la possibilité d’une île, voire d’un tombolo (Cf. ma brève du XX février 2021) car, parfois, le Moi paranoïaque se présente en tant que tel mais sans objet persécuteur, parfois, l’objet persécuteur est de sexe différent. C’est lorsque la clinicienne sera confrontée à l’alignement sexuel – l’objet persécuteur est du même sexe que le Moi – qu’elle pourra opérer cliniquement avec la tranquillité relative qu’elle assure la psychanalyse d’un psychotique paranoïaque.
 
C’est avec le diagnostic comme route de fond, et la conduite de la cure comme carte – tenue à jour en navigation, tenue à chaque instant en clinique par les signifiants tombés des lèvres du psychanalysant –, que le clinicien pourra permettre au psychanalysant de construire une existence favorable.
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