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PSYCHANALYSE DU LIEN SOCIAL ET CONTEMPORAIN

Heureusement en France....
 
 
« Laissez les morts ensevelir les morts »
Luc IX; 60

 

Fernando de Amorim

Paris, le 17 janvier 2020

 

 

Voilà ce que c’est que de vivre dans une société civilisée. Un Monsieur, Fréderic Fromet, insulte Jésus. Avant de pousser la chansonnette, il dit que : « heureusement en France les cathos sont beaucoup plus ouverts ». Effectivement, en France les catholiques sont beaucoup plus tolérants qu’un juge brésilien qui a interdit la diffusion de « La première tentation du Christ ». Cela est dû à la castration symbolique des français : leurs fréquentations de l’école de la République, de leur littérature, de leurs Lois, de leur police, leur papa et maman... Même si les catholiques ne sont pas d’accord avec son sketch, personne ne veut la mort de Monsieur Fromet.

 

 Il est à noter que le moi barbare détruit la vie d’autrui au nom d’un prophète mort ou de l’idolâtrie religieuse qui lui est consacrée par son moi gonflé qui s’entrevoit bœuf quand il est grenouille. Le moi aliéné utilise le mort prophétisé pour justifier la volonté qui lui brûle les doigts de détruire son ennemi car selon le moi, l’autre est mécréant de son idole. Ici, l’ennemi est utilisé par le moi pour justifier la haine de ce dernier et pour étancher sa soif de sang. En un mot, ici il n’y a de place que pour le moi aliéné et les organisations intramoïques.

 

Ainsi, puisque l’Autre est mort – l’être mort accède au statut d’Autre –, il est possible de l’idolâtrer ou de l’humilier, de tuer en son nom ou de souiller son œuvre.

 

De manière moins meurtrière, heureusement, mais pas moins haineuse, quelques êtres se réjouissent de montrer les trous dans la culotte de Sigmund Freud, Jacques Lacan et plus récemment Françoise Dolto. Quelques êtres semblent nourrir leur vie en souillant la mémoire des morts, en prophétisant leur venue ou leur déchéance. Ils cherchent en fin de compte un Maître à élever pour mieux le déboulonner.

 

À partir des maladresses, précipitations ou erreurs des cliniciens, ils, qui ne sont pas cliniciens, éclaboussent, voire massacrent, leur héritage clinique. Sans pour autant proposer quoique ce soit de nouveau. Cela va sans dire.

 

L’accablement des analystes par à-coup de la part de ces êtres ressemble à une sorte de parti-pris, voire de métier. À leur décharge, et comme disait ma grand-mère, c’est un métier comme un autre. Et toujours selon elle : « Il n’y a pas de sot métier ! ».

 

En revanche, la responsabilité de la manutention du tissu social est une responsabilité des tous les membres de la société toute entière. Accabler les cliniciens morts, comme vouloir instaurer des idoles vivantes est un machin de groupement tribal. La société française semble avoir la tendance à être une organisation ouverte et accueillante des êtres menés par leur désir de construire le tissu social. Mais elle semble être moins disposée à se faire convertir à l’idéologie du moi ou de ses organisations intramoïques.

 

Tirer à tout bout de champ sur tout et n’importe qui, comme cela semble être le dada de quelques zinzins, génère des haines qui ne servent qu’à alimenter la vie des zombies. Toutes les fois que la psychanalyse est mise en cause, les patients, surtout psychotiques, relativement apaisés, s’agitent, mettent en doute la cure, les avancées et les progrès construits péniblement, quand ils ne passent pas à l’acte suicidaire ou meurtrier. Suis-je en train d’insinuer que les adversaires de la psychanalyse doivent se taire ou diminuer leurs attaques ? Pas du tout. Qu’ils continuent leur métier, car, comme disait ma grand-mère …

 

En revanche, il serait intéressant que les adversaires – pas ennemis car dans une société civilisée il n’y a pas d’ennemis, il y a des adversaires – de la psychanalyse déboulonnent, avec arguments à l’appui, les psychanalystes d’aujourd’hui, pas les analystes morts d’hier car ces derniers ne pourront pas se défendre.

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