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Les origines de la voix : éléments de réflexions pour la phonation en psychanalyse, Paris 9ème

La voie de l’Autre barré
le registre où se situe la voix
 
Fernando de Amorim
Paris, le 29 juin 2020
 
Pour Mme B.
 
 
La voix bien dite en forme de phrase bien formulée s’énonce clairement par l’Autre barré. Pour étudier la prise en charge de la voix, il est possible de faire usage, à condition de – savoir – se servir des registres lacaniens : Réel, Symbolique et Imaginaire.
 
La première chose, pour le clinicien dans la prise en charge des symptômes liés à la voix, est de repérer si le symptôme se situe dans le champ psychique, corporel ou organique.
 
Le spécialiste de la voix est le phoniatre. Dans le registre du Réel, se trouve le champ organique, celui de l’organe. C’est dans ce champ qu’opère l’Otorhinolaryngologiste, s’il est chirurgien. Le phoniatre pourra solliciter la collaboration – légitime – des neurologues, pédiatres, gériatres, endocrinologues, psychiatres, neurochirurgiens ainsi que des chirurgiens thoraciques et cervicaux. Même avec toute cette armada de spécialistes, le phoniatre sera encore en train de naviguer dans le registre du Réel comme impossible. Quand le phoniatre vise la fonction de la voix, il s’entoure d’orthophonistes, des psychologues, diététiciens, des kinésithérapeutes. Ici, il risque de faire, et de rester, dans le registre Imaginaire des symptômes liés à la voix. De là, l’importance de faire appel au psychanalyste dans ce que j’avais appelé la clinique du partenariat. Dans cette stratégie, le phoniatre introduit le psychanalyste dans la relation que le premier a avec le patient.
 
Si le praticien qui a affaire à l’organe lié à la voix, ou à la fonction de la voix, ne sollicite pas la collaboration du psychanalyste, il ne se donnera pas les moyens de saisir la présence de l’Autre barré qui, empêché de bien dire, fait symptôme.
 
Je ne traite pas le symptôme comme un trouble et, surtout pas, comme un trouble psychofonctionnel.
 
En revanche ma clinique, freudolacanienne, m’a enseigné à lire le symptôme psychique comme le signe de la difficulté du Moi à dégonfler l’imaginaire et à être castré par le Symbolique, le registre propre à l’Autre barré. Quand cette opération de dégonflage et de castration n’est guère possible, la libido du symptôme coule par la bucca – ainsi que j’avais appelé l’ouverture supérieure droite du schéma freudien de 1923 – ce qui justifie la construction des symptômes corporels. Enfin, quand la libido n’arrive toujours pas à être représentée, ce qui signifie que le Moi ne cède pas de sa position forte, la libido se loge dans l’énigme de la maladie organique. J’utilise le mot énigme car, par les processus de fantasmatisation et de corporéification de l’organisme, les chirurgiens et les médecins peuvent constater cliniquement qu’un malade qui rencontre un psychanalyste devient patient et ensuite psychanalysant. Pendant sa psychanalyse, il est possible d’attendre un changement subjectif du rapport du psychanalysant à son corps, à l’autre, au Réel. Cela grâce à la traversée du champ du Moi par l’Autre barré.
 
L’appareil vocal de l’homme n’est pas comme un instrument à vent. C’est un organe où la libido, ensuite le désir, circule à tout moment d’une vie. Faire une lecture trop instrumentale ou physiologique – l’influence d’Aristote me semble être au rendez-vous – est utile en médecine, est secondaire en psychanalyse, sauf si le psychanalyste estime qu’il faut un avis médical sur l’évolution de la fonction ou de l’organe, pendant la cure psychanalytique.
 
La voix articulée par des mots est une opération qui aidera énormément le praticien en médecine, s’il prend en considération l’Autre barré. Quand l’être, dans la position de malade, patient ou psychanalysant parle, il ne sait pas généralement ce qu’il dit car, quand l’être parle, c’est son Moi qui cause, et normalement le Moi comme instance d’aliénation, voire le Moi comme objet du désir de l’Autre non barré, parle pour ne rien dire. Il ne fait pas exprès, c’est qu’il ne sait vraiment pas de quoi retourne ce Réel qui l’entoure.
 
De là, l’importance de l’Autre barré. « Quand le mot bien dit sort par l’enclos des dents », comme a écrit Homère, la voix porte une parole bien dite, qui fait mouche.
 
La voix, dès la fin du Xème siècle, a une connotation physiologique, médicale. Elle est définie comme un son ou comme un ensemble de sons produits par le larynx quand les cordes vocales entrent en vibration sous l’effet d’une excitation nerveuse rythmique. Elle peut être définie aussi comme l’ensemble de sons produits par la bouche et résultant d’une vibration de la glotte sous la pression de l’air expiré.
 
Une personne qui a la faculté d’émettre des sons, n’a pas d’emblée le statut d’être parlant. Un être qui est traversé par l’agencement des signifiants – pas de la parole, pas des mots –, mais des signifiants articulés les uns aux autres et qui font mouche dans leur rapport à l’autre, cet être est dans la position d’être parlant. Un être responsable, qui assume cet agencement, est dans la position de sujet. C’est cette position qu’il est possible de trouver à la sortie d’une psychanalyse. Ici, nous avons affaire au sujet qui parle poésie, qu’interpelle, arrête, fait avancer, produit une déviation de la direction initiale. Le sujet ici subit, de bon cœur, sans résister, les effets de l’Autre barré.
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