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Les indicateurs de soumission du Moi féminicide (I)


Fernando de Amorim
Paris, le 2 juin 2020

 

Je ne me suis jamais intéressé au Moi des tyrans et des dictateurs. Leur Moi est d’une prévisibilité à toute épreuve. Cependant, le Moi des victimes, lui, est une source inépuisable d’étude par la finesse et la créativité de leurs capacités à faire en sorte que l’autre la plaigne, la tape, la tue.

 

Le mot féminicide est une expression de Jill Radford et Diana Russel qui, dans les années 80, ont repris le mot de Carol Orlock laquelle, dix ans plutôt, définissait ce mot comme étant « le meurtre de femmes commis par des hommes parce que ce sont des femmes ». Le Moi de l’homme n’est pas ennemi de la femme ou de la fille. Le Moi de l’homme est lâche et c’est pour cette raison qu’il s’attaque à l’autre plus faible puisque c’est ainsi qu’il, le Moi, se vit : comme victime des organisations intramoïques (A non barré et résistance du Surmoi). Le Moi fort (a), vise l’autre faible (a’), qui peut être de sexe féminin bien sûr, mais aussi masculin, homosexuel, travesti, à condition d’être plus faible que lui.

 

Derrière le Moi aliéné, se trouve l’être, et ce dernier, en abdiquant de ses responsabilités à porter sa vie, laisse au Moi la charge du contrôle de la maison, à savoir, l’appareil psychique.

 

Il ne me semble pas légitime de malmener un concept comme celui de « crime passionnel » comme étant dépassé ou comme artifice pour mieux « euphémiser, les féminicides » (Le Monde du 31 mai, Lundi 1er, Mardi 2 juin 2020).

 

L’affaire est gravissime et dépasse largement l’usage du mot proposé par Mme Orlock.

 

Les signes avant-coureurs doivent être mis en évidence :

 

L’homme ne prend pas sous son contrôle la femme, même si j’entends qu’elle écrit de la position de journaliste, je m’inspire de son excellent article pour une autre réflexion sur la relation du Moi à ses organisations intramoïques.

 

Le schéma proposé par la journaliste est le suivant : « celui de la prise de contrôle radicale d’un homme sur sa conjointe, un homme qui fait tout pour la maintenir sous sa coupe. ».

 

Pour saisir la logique psychique, il me faut m’éloigner de la dimension humaine. J’invite le lecteur à entrer dans l’appareil psychique. Le Moi veut la prise de contrôle parce que lui-même est soumis au contrôle de ses organisations intramoïques, à savoir, l’Autre non barré et la résistance du Surmoi, comme évoqué ci-dessus. En écrivant cela, je ne déresponsabilise pas le Moi violent, je le responsabilise : je responsabilise les parents de mettre des enfants au monde sans s’engager à prendre soin d’eux, de divorcer et laisser les enfants dans la nature, de remarquer que sa fille est en détresse et de ne pas intervenir vigoureusement pour tirer cela au clair avec elle, sa fille, et avec lui, son gendre. Le lecteur pourra dire : mais les femmes battues ne se sentent pas à l’aise de dénoncer ou d’envoyer leur compagnon en prison. C’est parce qu’elles sont déjà enlacées dans les tentacules du Moi fort et de ses organisations intramoïques. Comme le savent les policiers, la strangulation à répétition est un indicateur d’une évolution de violence qui a comme suite le meurtre.

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