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La méthode psychanalytique (I)

Fernando de Amorim
Paris, le 8 juin 2022

 

Dans une discussion avec le docteur B, membre du RPH, je constate que dans mon document « De la clinique », de 2012, je mets en évidence plusieurs fois « la méthode et les techniques » psychanalytiques, sans mettre en évidence ce que j’entends par méthode en psychanalyse.
 
Toutefois, avant de livrer ma définition de méthode, il faut signaler une erreur de ma part que j’avais déjà corrigée le 28. XII. 2017 dans ce même document. Cette précision est due au fait qu’il s’agit d’une note en rouge à côté du paragraphe de la page 18.
 
Dans la page en question, j’avais écrit : « L’association libre est la méthode par excellence pour accéder à la manière avec laquelle l’être lit le monde. ». Aujourd’hui, j’écris autrement cette phrase : « L’association libre est la technique par excellence pour accéder à la manière avec laquelle le Moi lit le monde. ».
 
Maintenant la méthode.
 
La méthode en psychanalyse se caractérise par l’action d’écouter. C’est par l’écoute que le clinicien peut conduire la cure à partir du discours du Moi dans la position de malade, patient ou psychanalysant.
 
Je mets en évidence le discours du Moi puisque c’est le Moi qui émet des mots la plupart du temps en séance et c’est lorsque l’Autre barré s’exprime qu’il est possible de reconnaitre la présence du discours de l’être, ce qui justifie une levée de la séance ou une sortie de psychanalyse.
 
Comme écrit plus haut, la technique principale en psychanalyse est celle de l’association libre. Grâce à cette technique, la parole peut être reconnue comme venant du Moi (parole vide), ou de l’être qui saisit l’Autre barré pour se représenter (parole pleine) et ainsi construire sa position de sujet, position qui sera officialisée au moment de la sortie de psychanalyse.
 
Lors de la navigation psychanalytique dans l’océan inconscient, l’association libre – les paroles dites librement – est la boussole qui indique au clinicien la voie à suivre. Le signifiant est la balise qui indique au clinicien qu’il suit la bonne voie et où sont les obstacles à éviter. Le grand Autre barré (Ⱥ) est l’étoile polaire du clinicien car l’association libre est composée de paroles vraie et fausse.
 
La méthode en psychanalyse concerne la manière par laquelle le Moi, dans la position de malade, de patient et de psychanalysant, exprime son corps, sa pensée et sa parole. Mais la méthode concerne aussi la manière par laquelle l’être dans la position de supposé-psychanalyste, écoute, conformément aux principes indiqués par Freud, Lacan et selon son style, fruit de sa psychanalyse personnelle. La méthode est vivante, elle change avec le rythme propre au Réel : si pendant l’accalmie une cure se déroule convenablement, pendant la tempête, le clinicien, à l’instar du marin, ne fait pas bronzette.
 
La méthode bouge selon la structure freudienne (névrose, psychose, perversion), selon le Moi et selon l’être. La mise en place de cet alignement exige une démarche rigoureuse du clinicien, d’où l’importance de sa psychanalyse personnelle, ses supervisions, ou contrôles, ses confrontations cliniques et théoriques lors de colloques et réunions d’étude. En d’autres termes, la formation du psychanalyste est d’une grande exigence. Et cette exigence n’est pas plus lourde que la main d’un enfant.
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