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De la formation des psychanalystes (Proposition en réaction au courriel du Professeur Prado de Oliveira)


Il y a plus de dix ans et avant l’affaire qui secoue les analystes brésiliens et français, nous avons eu l’affaire italienne. La loi Ossicini instaure l’obligation d’un titre de psychothérapeute d’État pour ceux qui souhaitent pratiquer la psychanalyse.

Avec son trait d’humour assassin, Charlie Hebdo du 30 mai 2018 avait même intitulé « Fin de la psychanalyse en Italie ».

L’émotion des brésiliens est stérile s’il n’y a pas de réponse concrète. Nous ne pouvons rien faire en Italie, au Brésil et ailleurs si la loi autorise de tels projets. Il nous faut donc construire un autre angle de défense. De défense et non d’attaque. J’insiste.

Ce qui a depuis toujours caractérisé la psychanalyse était sa compétence à révéler à l’être la possibilité de construction de son désir.

Au contraire de vouloir contrer les TCC, le psychothérapeute psychanalyste italien, le diplôme de psychanalyste brésilien ou le refus de l’analyste des institutions françaises (groupe de Tact), je suggère qu’un mouvement se mette en place avec des universitaires et des présidents d’Écoles psychanalytiques.

Ce mouvement consisterait à former des jeunes à la psychanalyse – sur le modèle du RPH-École de psychanalyse – et cela dès leur première année de psychologie. La proposition est sur mon site. Pour les jeunes diplômés, une formation est dispensée dans le cadre du RPH et en deux ans – le même temps proposé par les técécistes pour former des dresseurs à leur technique – il est possible de toucher du doigt la formation proposée au sein du RPH.

C’est par la qualité de la formation psychanalytique qu’il sera possible de répondre à la négligence de la formation des técécistes, des pseudo-psychanalystes diplômés à la-va-comme-j’te-pousse.

Le diplôme du psychanalyste existe déjà : c’est la psychanalyse personnelle, les études poussées au minimum au niveau doctoral et, surtout, le fait que l’on vive de l’argent gagné par la compétence démontrée à chaque séance. Cela est palpable.

Il nous faut revoir notre copie de la formation du psychanalyste. Ce n’est pas le nombre d’analystes qui fera le poids, c’est la qualité de la compétence de tout un chacun.

Dans le courriel de monsieur Prado de Oliveira, il est possible de lire que les analystes sont armés de "lance-pierre dès le début de la psychanalyse". Aujourd’hui, en deux ans de formation au sein du RPH, les étudiants commencent à sentir le beau poids de la clinique psychanalytique. Un jeune diplômé, après deux ans de formation RPH, commence à gagner sa vie correctement.

Mais pour cela, ces derniers doivent :

     - être en psychanalyse personnelle ;
     - avoir des supervisions hebdomadaires individuelles et de groupe ;
     - participer à des groupes d’études;
     - assurer le SETU et/ou la CPP ;

Cette formation commençante installe déjà la dignité d’être et réanime le désir de savoir de chaque personne qui décide de faire des études de psychologie ou de psychiatrie et à qui, dans sa psychanalyse personnelle, se révèle le désir de devenir psychanalyste. Une fois que l’être reconnaît son désir de devenir psychanalyste, la formation continue avec des responsabilités inhérentes à la formation du psychanalyste proprement dite.

La question de « salaire » est complétement ridicule. Un jeune clinicien au RPH gagne sa vie de manière plus aisée que beaucoup d’analystes qui, souvent, ont un deuxième emploi au CMP, à l’hôpital, à l’université.

Si les analystes n’ont pas de financement international, il y a urgence qu’ils financent leur désir car ce dernier, de toute évidence, est en souffrance. Au RPH, chaque membre assure la responsabilité hippocratico-freudienne d’assumer quelques cures selon les moyens du patient. Et cela au contraire de les appauvrir, les enrichit.

Se mettre en ordre de combat n’est pas suffisant car cette armée n’a pas de commandement.

Je ne demande pas la matérialisation d’un commandant pour mener les analystes à bon port, j’attends qu’ils descendent de leur nuage et, ce faisant, se mettent à nager. Des « enregistrements de clips avec des étudiants venant questionner sur l’intérêt d’un tel diplôme de psychanalyse », sont loin d’être suffisants.

Il ne faut pas uniquement répondre aux étudiants par voie de clips, il faut installer le dispositif de formation psychanalytique, à savoir « l’impératif de la psychanalyse personnelle, des contrôles individuels. », comme le propose le professeur Prado de Oliveira.

L’UNINTER [« Centre universitaire international », au Brésil] exclut des dispositifs fondamentaux pour la formation du psychanalyste, mais dans le livre « Ce que les psychanalystes apportent à l’université », ces dispositifs fondamentaux sont aussi exclus.

Il faut prendre le problème, gravissime, par les cornes et non en faisant des compromis tel celui dont témoigne madame le professeur Denise Maurano qui dit qu’« au départ ces enseignants et enseignantes étaient à mille lieux de ceux et celle d’Articulação [le groupe brésilien de contact], avec qui les heurts étaient fréquents. Mais peu à peu le phénomène des « frères et sœurs ennemis » fit son apparition. À force de se disputer, une sorte de proximité se produit en effet. De telle manière qu’aujourd’hui » — contrairement à il y a une vingtaine d’années — « une grande proximité existe. ».

Comme disait l’autre, quand on cède sur les mots – le psychanalyste est devenu l’analyste – on finit par céder sur la chose, la psychanalyse.

Comment inscrire la psychanalyse dans sa force ?

À partir du moment où une faculté de psychologie ouvre une consultation publique de psychanalyse, suivant le modèle de celle que j’avais créée en 1991, il sera possible, en six mois, de faire le point du nombre de patients reçus, sur leur état (psychique, corporel et organique) en arrivant à la consultation et six mois après, sur l’évaluation des étudiants de la proposition et si cela mérite d’être poursuivi ou non.

La formation de l’analyste, jusqu’à présent, est du bricolage incantatoire au nom de Freud et de Lacan.

Faisons autrement. Mettons en place une formation solide car le désir de psychanalyse est avec nous. Incontestablement.

Bonne année !

 

Fernando de Amorim

 

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