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Ce que les psychanalystes apportent à l’université (V)


Je vise le Moi, toujours. Le Moi s’est accommodé de la soupe qui lui a été servie à l’université. Il l’a bouffée sans plus. Quand quelqu’un a faim et qu’on lui sert une soupe fade, à demi goût, de là le demi-psychanalyste, l’autre nom de l’analyste, le Moi la bouffe cette soupe froide : « et ça fait des grands “schlurps” », comme le chante Jacques Brel.

« Ces gens-là » sont les représentants de la psychanalyse à l’université. Je leur demande, humblement, de se ressaisir, de se comporter en dignes héritiers de Freud et de Lacan, d’accoucher de cliniciens et non de joueurs de pipeau. J’insiste : ces joueurs ne mentent pas. Il ne s’agit pas de mensonge, mais de manque de courage. Je parie que, c’est mon pari, l’universitaire qui enseigne à la faculté de psychologie est courageux, mais il donne à bouffer à son Moi, et son Moi, comme le Moi de nous tous, est lâche. Il fait semblant de vivre « d’amour et d’eau fraîche, l’autre nom de l’aliénation.

Combien de fois, dans cet ouvrage, les mots, « psychologues », « psychologues-cliniciens », « psychologie », « psychiatres », « psychiatrie », « médecine », ont-ils été évoqués ? Et combien de fois, le mot « psychanalyste » l’aura été ?

Ce mot, psychanalyste, est un mot maudit. Il faut du courage pour le porter, pour le mériter car un mot dit, ça se mérite.

Le psychanalyste, comme missionnaire, disait Lacan, vise à s’approcher du médecin, pour lui signaler que la médecine qu’il pratique, celle de sauver à tout prix, celle qui va vers une médecine du « bien-être », (page 84), mérite réflexion. Et une telle réflexion ne peut être faite qu’avec des psychanalystes, des psychanalystes intimes des philosophes ayant une solide expérience clinique. Ceux qui s’accouchent dans les facultés de psychologie ressemblent plus à des têtards inaptes au combat clinique.

Cette « médecine de la performance », (page 84), est l’indicateur de la place puissante que prend le Moi – la grenouille de Mr de la Fontaine – à l’université, en médecine, dans la société. Le devoir du psychanalyste est de dénoncer et d’opérer pour calmer ce gonflement imaginaire. Sans espoir certes, mais avec tout son désir.

Ainsi, il aura le sentiment qu’il fait sa part.

Que ce soit en France ou à l’étranger – je m’appuie sur le texte sur le Hikikomori – ou le « phénomène du retrait social » (page 89), l’être parlant est toujours confronté à l’appareil psychique freudo-lacanien. Les « attaques internes », (page 91), ne sont rien d’autre que la difficulté que vit le Moi dans sa relation aux organisations intramoïques, à savoir, la résistance du Surmoi (Freud) et l’Autre non-barré (Lacan). Cette lecture, la mienne, me sort de l’embarras clinique au quotidien.

À partir des pages 92-93, enfin, Freud et Lacan sont invités à entrer dans la danse. Timidement certes, mais c’est là l’habitude des universitaires, frileux qu’ils sont.

Le lieu de l’Autre non-barré est présenté, (page 92, note de bas de page 1). L’Autre du savoir est présenté sans barre. Ici, il faut faire une distinction issue de ma lecture de la psychanalyse. L’Autre sans barre (A), comme proposé dans le texte, fidèle au texte de Lacan, est l’Autre de l’agression par la parole. Cet Autre, je le nomme, le bras verbal de la résistance du Surmoi, en référence au bras armé. Les auteurs citent donc Lacan, sans l’avoir étudié, trituré, mâché, ce que je fais depuis 40 ans. Ainsi, l’Autre sans barre est porteur de la parole méchante, et l’Autre du savoir (page 92), est l’Autre de la castration, du vrai savoir, celui qui pousse vers la construction de l’existence.

À la page 93, il est possible de lire ce qui suit : « les cliniciens qui travaillent avec les personnes en retrait n’exercent pas dans un fauteuil, ni derrière le divan classique ». Il est impossible d’occuper la position de clinicien sans savoir faire la distinction entre une psychothérapie et une psychanalyse, où le divan est nécessaire, au sens d’Aristote. Évoquer avec mépris le « divan classique », (page 93), ne sort pas le praticien de l’embarras.

Il faut étudier la « Cartographie du RPH ». Elle apportera des réponses qui éviteront au praticien de continuer à s’enfoncer davantage dans son exercice quotidien. Il pourra même se sentir pousser des ailes, désireux d’occuper, véritablement, la position de clinicien et, qui sait, celle de psychanalyste.

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