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Ce que les psychanalystes apportent à l’université (Sous la direction de Alain Ducousso-Lacaze et Pascal-Henri Keller)


Celle-ci est la première d’une suite de brèves sur ce document.

Tout d’abord, il faut situer la naissance de l’Université vers le début du XIIIe siècle, et la naissance de la psychanalyse vers la fin du XIXe siècle.

En lisant le titre de ce livre, je me suis dit, in petto, qu’il était un tant soit peu prétentieux. Prétentieux, dans un sens favorable, à savoir, prétendre, d’une volonté nettement déclarée d’obtenir telle chose comme un dû, une sorte de revendication d’un droit réel, ou supposé, d’un privilège jugé mérité.

Je n’ai rien contre la prétention. Mais à la page 10 du livre, il est question d’« évolution de la profession de psychologue ». Et la psychanalyse ?

En d’autres termes, la psychanalyse est-elle un faire-valoir pour les auteurs de ce document ?

Le titre du livre fait référence aux psychanalystes. Je pense que le psychanalyste n’apporte pas grand-chose à la psychanalyse pas plus à l’extérieur ni surtout pas à l’intérieur de l’Université.

Dire cela ne signifie pas qu’il ne peut pas apporter quelque chose de solide. Il le peut, à condition, d’abord, d’occuper une vraie position de psychanalyste. Pour cela, il faut qu’il fasse la paix avec le divan, qu’il retourne sur le divan et qu’il continue sa psychanalyse personnelle.

Encore à la page 10, « les préjugés à l’égard des psychanalystes » sont justifiés. Ils n’arrivent pas à occuper la position de psychanalystes, et veulent le respect et l’autorité propre à la position et à la fonction.

En un mot, ils ne sont pas psychanalystes, ils occupent la position d’analystes.

Pour cela, il faut regarder ma carte des trois structures (https://www.rphweb.fr/details-map+of+the+three+structures-383.html).

Il sera question « d’aventure psychanalytique » (page 13). Quel malencontreux choix de mots. Il ne correspond en rien au désir de Freud. Une aventure porte trop de variables imprévisibles. En tant que psychanalysant, donc quelqu’un qui a vécu une psychanalyse, ces mots ne correspondent pas à mon vécu. Une psychanalyse exige de la rigueur, de la constance dans le rythme et aussi de la persévérance à être aux rendez-vous hebdomadaires. Ainsi l’usage du mot aventure, annule l’usage du mot « engagement » dans la même page 13. La psychanalyse n’est pas une boussole, donc elle n’oriente pas, ni l’institution (page 14) ni l’être lui-même.

La psychanalyse est une science, avec une méthode, des techniques, et bien entendu, une boussole. Mais cette boussole n’est pas à utiliser de façon lymphatique, il faut la rigueur d’un marin, ce qui n’est pas le cas du terrien. Un marin n’utilise pas une boussole, il utilise un compas marin et ce compas est un instrument de navigation indiquant le nord magnétique.

Mon idée est de transporter toute la lecture psychanalytique dans l’univers aquatique, puisque je pars du principe que l’inconscient est un océan, que l’Œdipe est une mer, que la psychanalyse est le nom du bateau qui permet la navigation dans les eaux jamais sillonnées de l’inconscient structuré comme un langage.

Parler de « nouveaux modèles » psychanalytiques de groupe, est une stratégie de compromis. Et aussi la preuve de la lâcheté du prétendant psychanalyste à la cause du désir (page 14).

Le groupe est un amas de Moi, du Moi humain par excellence. Si cette stratégie est valable pour l’étude de la psychologie, elle n’a plus rien à voir avec la psychanalyse en tant que science du désir et la construction du désir de l’être. Si un Moi seul c’est l’incarnation de l’aliénation dans laquelle vit l’être et qu’un groupe des Moi, c’est ce qui s’appelle une communauté religieuse, militaire, communautariste, un amas de Moi verse, inévitablement dans un courant groupaliste, à lire groupe à liste, comme une liste d’ânes donne des ânes à liste (page 14).

Emprunter à la métapsychologie freudienne (page 14) ne fait pas de l’emprunteur un psychanalyste mais un débiteur. Le psychologue comme le psychiatre, empruntent beaucoup à la psychanalyse, sans avoir d’ailleurs l’élégance de rembourser leur dette.

Comment quelqu’un peut-il payer ce qu’il a reçu de la psychanalyse ? En parlant d’elle, de la position de psychanalysant. (page 14). Pour aborder le « monde psychanalytique » (page 15), il faut plonger, nager, l’autre nom de ramer, et non rester sur la falaise, ou sur le pupitre à donner des leçons, à radoter des textes freudo-lacaniens sans avoir la moindre notion de ce que cela signifie dans sa chair. À la page 15, il est question de l’expression « travaux scientifiques ». Cette prétention de scientificité de la psychanalyse est aussi la mienne. Mais ce n’est pas avec une épée de bois ou avec une rame en plastique qu’il sera possible de montrer la puissance d’une navigation psychanalytique, navigation hauturière par excellence. Pour connaitre le monde psychanalytique (page 15), il faut quitter la logique terrestre.

Le royaume psychanalytique n’est pas du monde terrestre, pour paraphraser Jean (18 : 36). Le royaume psychanalytique est aquatique, pour en être intime, il faut occuper la position de psychanalysant. Parler de psychanalyse à l’université est possible, à condition de savoir de quoi on parle. Et ce n’est pas avec des états généraux « psy », je mets l’accent sur ce diminutif, que la psychanalyse aura sa place au cœur du discours universitaire, social, ou scientifique (page 15).

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