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Ce que les psychanalystes apportent à l’université (IV)


Voici ce qui est écrit : « Se réclamant d’une clinique de la singularité et du sujet, la psychanalyse se situe comme à contre-courant des méthodes quantitatives qui sont au fondement des sciences biomédicales », (page 70).

Je pense que nous devons maintenir cette exigence des méthodes quantitatives propre aux sciences biomédicales, sans pour autant lâcher la spécificité de la clinique de la singularité ayant comme visée le sujet. Ce « ayant comme visée » est de mon cru. Cette page 70 sauve le livre qui, jusqu’à présent, fait dans le brumeux, le cacophonique.

La conclusion, (page 71), fait appel à ce qui manque dans ce rassemblement des représentants supposés de la psychanalyse à l’université, à savoir : à l’épistémologie et à la méthodologie : « la réflexion épistémologique et méthodologique menées par des chercheurs cliniciens intégrés au monde médical et à celui du handicap octroie en retour un nouveau souffle à la psychanalyse. » (page 71).

Effectivement, il faut préparer les formateurs des nouvelles générations de cliniciens qui occuperont la position du psychanalyste. Actuellement, à la lecture du livre, nous ne sommes pas prêts pour le combat clinique. Les psychanalystes dans ce livre, sont ou bien nus, ou bien armés d’une épée en bois. Ils n’ont pas de carte clinique, de boussole, leur rame est en plastique, leur bateau prend l’eau.

En me relisant, j’ai lu « prend l’eau » et j’ai entendu « prolo ». Mais comme le son a glissé de ma plume, il faut aller à l’histoire.

Les premiers psychanalystes avaient une formation médicale solide. Aujourd’hui, ils viennent de la psychologie, dans leur grande majorité. Ils sont des « prolos ». Dans l’Antiquité romaine, le « prolo » était le citoyen de la dernière classe du peuple, exempt d’impôt, et ne pouvant être utile à l’Etat que par sa descendance. Le manque d’ambition de quelques auteurs de ce livre, me font penser à des « prolos » mentaux : ils livrent à la psychanalyse leur descendance, à savoir des étudiants qui deviendront des psychologues–psychanalystes, voire des psychiatres-analyste, autrement dit, des gens sans culture générale, habillés de manière négligée, recevant des patients comme s’ils étaient des clochards. C’est assez logique puisqu’ils ne gagnent pas correctement leur vie. C’est assez logique puisqu’ils n’ont pas été au bout de leur formation de psychanalystes.

Et pourtant, ces personnes se réclament de Freud et de Lacan à l’université. Freud, le scientifique, le lecteur des Grecs et des latinistes ; Lacan, le psychiatre, le neurologue, l’érudit.

Nous sommes les héritiers de la culture gréco-romaine, des humanistes. Toute cette confiture est donnée aux cochons. Le résultat : des psys sans muscles pour aller aux champs de bataille clinique.

Il faut discuter un programme solide de formation des psychanalystes, en collaboration avec l’université, (facultés de psychologie, institutions hospitalières, écoles de psychanalyse).

Se « référer à la psychanalyse », (page 77), n’est aucunement équivalent à occuper la position de psychanalyste. Il faut de l’ambition. Les enseignants ont accès à la faculté, aux programmes d’enseignement (la confiture), et ils s’y comportent en cochons.

Je leur demande, humblement, pardon pour la comparaison. Je ne les vise pas en tant que professeur, en tant que personne civile. Je vise leur Moi, leur instance freudienne. C’est le Moi, le cochon, c’est lui qui a à sa disposition la confiture freudo-lacanienne et qui, après avoir mangé, crache dans la soupe. J’insiste : je ne m’adresse pas aux personnes, mais à l’appareil psychique de ces personnes, surtout au Moi et aux organisations intramoïques de ces personnes. Je commente un livre qu’un monsieur m’avait invité à commenter. Si j’ai répondu favorablement au docteur Matthieu Julian, c’est parce qu’il m’a piqué. Il m’avait accusé, au sens le plus doux et le plus bienveillant, d’avoir abandonné l’université. Je n’ai jamais abandonné l’université. Je suis son enfant. Simplement, ce n’est pas parce que je suis issu de son ventre que je ne dois pas lui signaler qu’après m’avoir mis au monde elle a le ventre mou. Elle entre dans la bataille de l’assistance médicale à l’appropriation (AMP) avec la « présence des psychologues cliniciens et des psychiatres », (page 78). Elle s’appuie « sur l’observation d’interactions précoces parents-bébé ainsi que sur des épreuves projectives et des bilans psychométriques… », (page 78). Ils ne sont pas prêts à apporter un discours solide à l’université. Le discours solide dans ma bouche c’est l’enseignement freudo-lacanien ; Ils sont les soi-disant psychanalystes.

Ils jouent du pipeau. Cette expression signifie « mentir pour tenter d’amadouer son interlocuteur ».

Et pourtant, je ne pense pas qu’ils mentent. Je leur dis sincèrement.

Simplement, ils n’ont pas été bien éduqués. Leur formation clinique était insuffisante et ils s’en sont accommodés. Je vise le Moi, ici, toujours.

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