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Aggiornamento


Aggiornamento

Fernando de Amorim
Paris, 27 avril 2021

Cette brève est une rectification.

Historique

Le nom « tombolo » m’est venu de la clinique de la psychanalyste, Laure Baudiment. J’avais sa clinique mais la théorie qui s’ensuivit était encore balbutiante. Elle se formalise davantage aujourd’hui.

Dans la brève du 6 mars 2016, j’écrivais : « Mais j’étais gêné car le travail effectué par la dame écoutée par Laure Baudiment était allé au-delà de ce que nous constatons dans les issues de psychothérapie avec psychanalyste ». Mon erreur, je viens de le découvrir aujourd’hui, a été de m’appuyer sur une pratique asphyxiée, à savoir : « Ma gêne était due aussi au fait que cette dame était sur le fauteuil et non sur le divan. Je réglais cette difficulté en m’appuyant sur la logique de quelques collègues qui soutiennent qu’il est possible de faire une psychanalyse sur le fauteuil. ».

Il n’est pas possible qu’une psychanalyse se déroule sur le fauteuil. J’ai voulu justifier, à la suite de ladite brève, l’existence d’un tombolo psychothérapeutique. Le tombolo psychothérapeutique est une erreur de ma part. Le tombolo concerne uniquement la sortie de psychanalyse du psychotique.

M’appuyer sur l’expérience de ces praticiens fut un mauvais choix de ma part, une erreur. Mes arguments pour appuyer la sortie de psychothérapie tels que « Un mariage qui dure, la permanence dans un emploi, l’achat d’un bien sont des constructions psychotiques ayant un statut de tombolo » – sont fallacieux.

Mon affirmation dans ma brève du 6 mars 2016 : « C’est dans la durée, dans la constance de l’être à se maintenir à flot – qui dans le langage marin veut dire avoir assez d’eau pour flotter et ne pas toucher le fond – dans son existence, tout en supportant les aléas de la vie, que je fais la distinction entre la sortie de psychanalyse chez le psychotique sous forme de tombolo et les autres formes de sorties, tout autant valables, de sortie de psychothérapie. » tient la route.

Enfin, ma phrase : « Ce qui me fait affirmer que la dame écoutée par Laure Baudiment a construit un tombolo c’est l’achat de son appartement. » – est fausse. Ce qui justifie l’achat de l’appartement c’est son lien social et son travail. Donc, il s’agit d’une sortie de psychothérapie, ayant comme construction symbolique un quatrième nœud, puisque c’est le travail qu’elle met en évidence. Le travail, le lien social, l’amour, sont des bricolages fondamentaux pour les êtres parlants, indépendamment de leurs structures psychiques.

La sortie de psychanalyse du psychotique se manifeste par un bricolage solide qui gagne le statut de « possibilité d’une île ». Est-il plus solide encore ? Il devient « tombolo de son île à une autre ». Plus ferme ? Le psychanalysant peut même passer pour un névrosé car il passe de « son île vers le continent » (Cf. Carte des trois structures). Rester « Dans mon île », c’est propre à rester avec son premier objet. Et ce paradis équivaut à la mort de l’être. H. Salvador a bien évoqué ce chant des sirènes de l’Autre.

Dans la brève du 27 avril 2016, j’ai construit un tableau où le lecteur pourra trouver le tombolo du côté de la case « psychothérapie avec psychanalyste. C’est une erreur.

Le tombolo vient dans la case « psychanalyse », après « la possibilité d’une île », avec l’inscription tirée de la brève du 6 mars : le « tombolo est le travail de construction symbolique du psychotique qui mot à mot, comme des grains de sable ou des galets, produit dans le réel, une langue de signifiants qui s’avance vers une autre île ou vers le continent […].

C’est dans la durée, dans la constance de l’être à se maintenir à flot […] dans son existence, tout en supportant les aléas de la vie, que je fais la distinction entre la sortie de psychanalyse chez le psychotique en forme de tombolo, et les autres formes de sorties, tout autant valables, de sortie de psychothérapie. ».

Le général

Aujourd’hui, il faut mettre en évidence que, dans les trois « bricolages » (brève du 27 avril 2016), le point commun c’est l’accès à la vie sociale.


Le spécifique

La spécificité du Nom-du-Père c’est l’écriture, comme chez Joyce. Cependant, il ne s’agit pas uniquement d’écrire, il s’agit d’écrire et de gagner sa vie avec (travail – réponse à la remarque du Docteur L. Mendes). Dans la suppléance, la spécificité c’est la parole. Il ne s’agit pas uniquement de parler comme un être parlant – Madame et Monsieur tout-le-monde ; comme le mammifère parlant, le beauf, c’est-à-dire, le vulgaire, inculte et borné ; comme l’animal parlant, l’agressif qui parle sans assise historique mais qui déboulonne des statues, défend la victime, la même qui trafique et viole ; comme la bête parlante, le violent, celui qui égorge des femmes et des vieillards par derrière, au nom de son dieu.

Il s’agit de l’action de gagner sa vie (travail), avec la parole et être reconnu (socialement) comme celui qui parle et dont la parole pousse l’enfant à aimer étudier, à envisager de devenir quelqu’un de bien, tel un professeur des écoles.

Un psychotique a trouvé dans l’enseignement et dans sa « fonction d’aider les enfants à devenir des grands », un motif d’être en vie. Dans le quatrième nœud, la spécificité vient du travail, pas celui malhonnête, tel le trafic de drogues, ou l’escroquerie qui consiste à se faire passer pour malade pour toucher sa paye sans venir au boulot, tout en s’appuyant sur la loi pour justifier ses arrêts-maladie. Il s’agit du travail dans lequel le psychotique reconnaît qu’il est la « raison de mon être », comme a dit une dame.
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