Accueil > Les brèves > L'usage de la libido en psychanalyse - Paris 9ème

L'usage de la libido en psychanalyse - Paris 9ème

L’usage de la libido par le Moi
 
Fernando de Amorim
Paris, le 3 aout 2020
 
Le désir de l’être s’appuie sur le désir de l’Autre barré dans un premier temps, et se construit à partir du désir de l’Autre barré (Ⱥ). Le désir des parents, c’est le désir de l’Autre non barré (A). Le A barré est du côté du Dieu, instance symbolique de castration évoquée par Chrétien de Troyes dans son Cligès (La Pléiade, p. 312). L’Autre non barré, est du côté de la Mort, « l’insatiable », dans le même texte. Sans acceptation du Moi d’être castré par l’Autre barré, il est impossible pour l’être, de se castrer de l’Autre non barré parental et de construire son existence.
 
L’inconscient, je le représente comme étant du registre aquatique, la libido est représentée, dans cette métaphore, par l’eau douce de la rivière (caractérisée par la navigation fluviale psychothérapeutique) et l’eau salée de l’océan (caractérisée par la navigation hauturière psychanalytique). C’est Le Coran qui m’avait rappelé le goût de l’eau de l’océan mélangée à l’eau de la rivière. C’est dans cette embouchure que je situe la majorité des relations qu’entretient le Moi avec son semblable ou avec le Réel dans ce qui est communément appelé une « analyse » assurée, cela va de soi, par des « analystes ». Cette navigation peut être profitable, mais elle ne révèle pas de quoi est capable l’être une fois qu’il est castré de la puissance aliénante de son Moi.
 
L’inconscient s’exprime par les actes manqués et tout ce qui concerne le corps. Pour des raisons cliniques, il me semble important de pousser cette logique entre la libido et le désir de l’Autre non barré, même dans les maladies organiques. Sans la participation décidée de l’être malade psychiquement (hospitalisé en psychiatrie) et organiquement (hospitalisé dans un service médico-chirurgical), il me semble compliqué de voir le résultat clinique du désir de l’être. Je pense que c’est ici que se trouve la difficulté des médecins à soigner les malades. Cette difficulté a des conséquences graves pour notre société. Le Moi opte pour l’arrêt-maladie et non par le travail, les médecins sans savoir quoi faire avec la plainte et la demande, utilisent les arrêts-maladie comme instruments cliniques quand il s’agit d’un dispositif de protection sociale des êtres en difficulté organique.
 
Ma précédente secrétaire, Madame N., a utilisé ce dispositif comme instrument de vengeance car je ne l’avais pas autorisée à s’arrêter de travailler pour aller faire une PMA. En lui expliquant que si elle ne venait pas travailler, je serai seul à ouvrir les portes pour que les patients entrent, pour répondre au téléphone ... Elle revient à la charge en disant qu’elle allait se mettre en arrêt-maladie et ainsi je n’allais pas payer… Je lui avais dit que la société française payerait. Ni une ni deux, elle se met en arrêt de travail avec l’accord du médecin du travail et de son généraliste. Le premier la déclare inapte pour des troubles psychosomatiques. Le deuxième arrête de distribuer des arrêts-maladie à partir de l’intervention du médecin-conseil de la sécurité sociale. Madame N. saisit les prud'hommes, je suis innocenté des accusations. Elle ressaisit à nouveau les prud'hommes et à nouveau il est fait barrage à ses demandes supplétives. Pendant ce temps, j’ouvre les portes et elle a toute la journée pour se régaler des dispositifs sociaux mis en place pour aider les travailleurs face à l’injustice patronale. Elle saisit une avocate, elle porte plainte pour harcèlement. Je suis convoqué au commissariat. L’affaire est classée sans suite. Quelques mois avant sa demande de s’arrêter pour faire sa PMA, elle m’avait dit : « Monsieur de Amorim, je suis très contente de travailler chez vous ! ». Aujourd’hui, je me suis posé la question si cette phrase ne marquait pas l’intention de préparer le terrain pour sa demande que je cautionne sa volonté d’avoir une procréation médicalement assistée.
 
Le médecin soigne, il n’assiste pas techniquement quelqu’un à avoir ce que veut son Moi. Le psychanalyste peut assister le discours de vouloir un enfant, mais pour cela, il est nécessaire que le Moi puisse être castré. Nombreux sont les cas où quand une femme cède de sa volonté de tomber enceinte, elle tombe enceinte. Mon hypothèse est que le Moi a cédé de son aliénation et que le désir de l’Autre a pu s’articuler au désir d’être mère, ce qui est différent du désir d’avoir un enfant. Surtout quand c’est « à tout prix ». Il ne s’agit pas ici d’une interprétation de psychanalyste, mais d’une lecture d’un sujet, d’un citoyen psychanalysé. Il y a des enfants qui sont mis au monde par des jouisseurs qui se défaussent de leur éducation sur la société et les nourrissent par les allocations. Il s’agit d’une logique du Moi aliéné qui jouit et qui se débarrasse de sa responsabilité, à savoir, avoir en tête qu’un enfant exige qu’un adulte soit là pour l’aimer, l’éduquer, lui donner des limites claires à ses pulsions et lui donner des indications que la vie est possible, une vie possible c’est l’autre nom de l’existence humaine.
 
Madame N. a réussi à avoir de l’argent sans travailler, mais pas ce qu’elle voulait, sa PMA, avec moi comme complice. Je ne cautionne pas mon symptôme, je ne cautionne pas le symptôme de l’autre. C’est une des leçons que j’ai construis pendant ma psychanalyse.
 
Qui parle dans les rêves et dans le lapsus c’est l’Autre barré (Ⱥ). Qui produit l’accident c’est la résistance du Surmoi.
 
La vie, comme la mort, concernent la pratique du médecin. L’aliénation et la construction d’une existence possible, dans une vie, sont l’affaire du psychanalyste. Je ne suis pas passé à côté de ma vie jusqu’à présent, grâce à ma psychanalyse. Jusqu’à présent, je construis mon existence de manière possible, existentiellement vivable. C’est la preuve verticale de l’efficacité d’une psychanalyse dont je fais témoignage ici. Vouloir comparer l’efficacité d’une psychanalyse avec l’efficacité d’une technique cognitive et comportementale de dressage c’est faire usage d’une méthode horizontale d’évaluation. Comparons le comparable.
 
L’être dépend de l’autre, du passé de l’autre, du corps de l’autre, pour ne pas construire son existence dans sa propre vie. Qui a conscience, qui a intention et qui jouit dans l’appareil psychique humain ? Le Moi n’a ni conscience ni intention, il jouit de son aliénation. Le Ça a intention, le Surmoi a conscience.
 

Le Moi est titulaire du droit d’aliénation. L’aliénation est structurelle chez lui. Ainsi, Le Moi a le droit d’user, de se servir de l’’aliénation, de tirer bénéfices et avantages de sa structure. La confusion s’installe quand le Moi, locataire du corps, utilise son droit d’occupant en s’installant dans le local qui lui a été loué par le bailleur – l’autre nom de l’organisme – sans respecter les règles conformément aux stipulations du bail. Par haine de ne pas exister, par vengeance d’être en vie, le Moi salope le local – l’autre nom du corps –, avec des maladies, des amputations, des tatouages, des perforations, des déformations de tout genre.

 
La résistance du Moi est divisée en trois résistances : 1) La résistance du transfert ; 2) La résistance du refoulement ; 3) Le bénéfice de la maladie.
 
La résistance du refoulement a l’intention d’empêcher le matériel refoulé de revenir à la conscience. Cette intention se caractérise par le mouvement de la partie inconsciente du Moi d’attendre le but de refouler le matériel inconscient. Ce n’est pas une jouissance, ce n’est pas une conscience, c’est une intention, c’est-à-dire, une volonté manifeste, sans que le Moi puisse avoir conscience, de refouler. Freud, et Lacan est d’accord avec lui, écrit que : « Ce sont les signifiants les plus aptes à être refoulés, les affects circulent plus librement ». Je signale, et je pense que mes maîtres seraient d’accord, que cela dépend de la structure. L’affect circule facilement chez le Moi hystérique, difficilement chez l’obsessionnel et à côté chez le psychotique, aucunement chez le psychopathe (la psychopathie est un symptôme de la structure perverse ou de la structure psychotique).
 
La Résistance du transfert est divisée entre l’ignorance du Moi et la jouissance du Moi. Dans l’ignorance du Moi, ce dernier n’est pas conscient, mais il a l’intention. Dans la jouissance du Moi, le Moi sait mais ne veut pas faire usage de son savoir car s’il fait usage pour de vrai, il se soumettra à la castration, donc, il est conscient mais il ne veut pas céder du bénéfice qu’il en tire de jouir.
 
Dans le bénéfice de la maladie secondaire, le Moi a la conscience, l’intention et la jouissance de vouloir céder sur sa condition d’adulte ou de possible adulte responsable de son rapport au Réel, pour occuper la position de souffrant, s’il s’agit d’un enfant, de malade, handicapé, comateux, quand il s’agit d’un mineur ou majeur. Cela est articulé consciemment. S’il s’agit d’un bénéfice primaire de la maladie, le Moi a la conscience, l’intention et la jouissance, mais c’est la partie inconsciente du Moi qui est à l’œuvre. Quand le patient dit qu’il a conscience, et que les psys gobent cela, il faut dire que, thérapeutiquement parlant cela ne sert pas à grand-chose, parce qu’il, le Moi, continue à jouir du bénéfice tiré de la maladie. C’est ce que Freud, comme je l’ai écrit plus haut, avait appelé le bénéficie primaire de la maladie.
 
Le Moi sait qu’il s’engage dans une voie trompeuse quand : « Sans ressentir le moindre mal, l’impératrice se plaint et simule la maladie. ». C’est le bénéfice secondaire tiré par le Moi à être malade (La Pléiade, p. 310).
 
La Résistance du Surmoi a l’intention mais pas la conscience. Elle a l’intention de décharger l’agressivité musculairement contre le Moi. Ce dernier peut viser ainsi l’autre, mais aussi retourner l’agressivité contre lui, à savoir, en détruisant sa deuxième maison, l’autre nom du corps.
 
La Résistance du Ça a la conscience, l’intention, la jouissance et la responsabilité. Le dit et le fait ici vivent « ensemble et deux », « Selon un accord intime Telle la main droite et la gauche. » (Pessoa, La Pléiade, p. 16).
 
Le grand A barré (Ⱥ) et le grand A barré prime (Ⱥ’), ainsi que l’objet petit a sont à l’extérieur du poinçon car ils font partis des positions transférentielles du clinicien. Dans la position de A barré prime, se trouve le clinicien dans la position de psychothérapeute et dans la position d’objet a, se trouve le clinicien dans la position de supposé psychanalyste.
 
Ainsi, cette distinction entre conscience et intention, jouissance et responsabilité vise uniquement les instances et les organisations intramoïques du Moi, le tout composant l’appareil psychique. C’est pour cette raison que je laisse A barré prime et objet petit a hors de la définition.
 
Je n’étudie pas les êtres humains, je ne suis pas anthropologue, je n’étudie pas leurs comportements, je ne suis pas psychologue. En revanche, leur appareil psychique retient toute mon attention.
Nous écrire
Les champs indiqués par un astérisque (*) sont obligatoires
Découvrez églament